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Capital investissement : un goût du risque encore timide

Capital investissement : un goût du risque encore timide

 

 

En 2016, l’industrie du capital investissement a consenti un effort d’investissement de près de 786 MDH, en hausse par rapport à 2015. Les professionnels du secteur revendiquent leur posture prudente face aux risques inconsidérés que présente parfois une entreprise lors de la phase de démarrage ou d’amorçage.

 

                                                                  

 

Si certains opérateurs économiques reprochent aux banques leur aversion au risque et une frilosité pour l’accompagnement des jeunes entreprises et des start-up, d’autres, par contre, estiment que les businessangels sont mieux outillés pour épauler financièrement cette famille d’entreprises, tout en leur prodiguant le mentoring nécessaire. Or, au Maroc, le constat est que les personnes jouissant d’un pouvoir financier avéré préfèrent généralement investir dans des activités lucratives et moins périlleuses, à l’instar du secteur immobilier.

Dans ce contexte, le degré de prise de risque des fonds ou des véhicules destinés au financement des entreprises marocaines revêt une importance particulière, au moment où l’on assiste au foisonnement de start-up et d’entreprises innovantes dans le pays. D’où la pertinence de la question suivante : les acteurs de l’industrie du capital investissement au Maroc prennent-ils suffisamment de risque pour épauler financièrement les entreprises ?

Interpellée par nos soins, Françoise De Donder, déléguée générale de l’Association marocaine des investisseurs en capital (Amic), rétorque : «Concernant le démarrage de l’entreprise, notamment l’amorçage, il est essentiellement financé sous d’autres cieux par des businessangels et des fonds qui fonctionnent avec l’intervention de l’Etat, et ce à cause des risques élevés présents au cours de ce cycle de vie de l’entreprise». Et d’ajouter : «L’amorçage est trop risqué pour que le privé, à l’instar des acteurs du capital investissement, s’y engage de façon solitaire».

Cela dit, les professionnels estiment que l’avènement, à l’initiative de l’Etat, d’Innov Invest, fonds d’amorçage des start-up, est de nature à inciter les acteurs privés à investir ce créneau, qui suscite pour l’heure des réticences auprès de l’industrie du capital investissement au Maroc. Pour rappel, le pays enregistre un taux de pénétration du capital investissement de l’ordre de 0,08% en 2016, ce qui le place en pole position au niveau de la région MENA.

 

Un ticket moyen d’investissement moins important

 

Entre 2011 et 2016, le ticket moyen d’investissement du capital investissement était de 35 MDH. Toutefois, une comparaison montre à l’évidence que l’amorçage est d’une certaine manière peu prisé par le secteur. En effet, entre 2011-2016, le ticket moyen amorçage-risque était de 9 MDH contre 50 MDH pour le développement, la transmission et le retournement. Cela dit, si certains entrepreneurs pointent du doigt le goût peu prononcé des fonds d’investissement pour le risque, Françoise De Donder tempère cet argument. «Ce n’est jamais gagné d’avance quand on investit dans une entreprise, quelle que soit sa taille ou son domaine d’activité. Ce qui constitue en soi une prise de risque». Par ailleurs, faudrait-il rappeler qu’en matière de capital investissement, les sociétés de gestion de fonds ne peuvent pas prendre des risques inconsidérés ; elles doivent rendre compte. Elles ne sont pas propriétaires des fonds à leur disposition. En clair, la meilleure façon de développer le financement de l’amorçage au Maroc, au grand bénéfice du tissu entrepreneurial marocain, est la duplication du modèle du Fonds Innov Invest, qui associe l’Etat et le secteur privé pour le partage des risques.

 

Profil des entreprises investies

 

En 2016, l’industrie du capital investissement a consenti un effort d’investissement de près de 786 MDH, ce qui marque une nette hausse par rapport à 2015. En effet, eu égard au caractère généraliste des fonds et de leurs politiques d’investissement opportunistes, les investissements du secteur concernent plusieurs domaines d’activité au Maroc, même si l’on note une prédominance de l’industrie dans l’axe Casablanca-Settat. Ce dernier a capté près de 68% des efforts d’investissement, contre seulement 10% pour la région Rabat-Salé-Kénitra. Toutefois, à en croire la Déléguée générale de l’Amic, le profil des entreprises qui s’arrogent les faveurs de l’industrie du capital investissement renvoient, entre autres, à la transparence, au potentiel de création de valeur et au projet de développement porté par un management de qualité.

Toujours du côté de l’association qui compte 25 membres actifs, on estime que beaucoup d’entreprises marocaines ne sont pas investies par le capital investissement du fait d’un manque de transparence criant. En définitive, la branche qui a vu le jour au cours des années 90, devra relever plusieurs défis inhérents à la réussite des fonds d’amorçage qui seront bientôt lancés au Maroc, aux levées de fonds, à l’investissement dans de nouvelles entreprises, et au redressement de sociétés sous-performantes. ■

 

M. Diao

 

 

 

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