PARIS, 19 novembre (Reuters) - L'action Renault s'effondre à la Bourse de Paris, lundi, après l'annonce par le journal nippon Yomiuri de l'arrestation au Japon du PDG Carlos Ghosn sur des soupçons d'irrégularités financières qui ont conduit Nissan a demander son éviction.
A 12h17, le titre du groupe au losange dégringolait de 10,27% à 57,88 euros et évoluait à son plus bas depuis octobre 2014. Le titre accuse son plus fort repli en séance depuis le 24 juin 2016, au lendemain du référendum sur le Brexit.
A Tokyo, l'action Nissan a clôturé en légère baisse de 0,45%, avant les révélations de la presse japonaise.
Le plongeon de Renault pèse sur l'ensemble du secteur en Europe, dont l'indice Stoxx perd 0,28%. Le concurrent PSA recule au même moment de 0,66%.
L'irruption des démêlés judiciaires de Carlos Ghosn tombe au plus mauvais moment pour le constructeur automobile français et son partenariat avec Nissan et Mitsubishi, l'homme fort de la première alliance automobile mondiale n'ayant pas encore finalisé un plan de succession pour garantir la pérennité cet édifice inédit dans l'éventualité de son départ.
A 64 ans, Carlos Ghosn a été renouvelé en juin dernier par l'assemblée générale de Renault pour un nouveau mandat de quatre ans qu'il a promis de mettre à profit pour renforcer l'alliance et préparer la relève. Mais s'il a nommé un numéro deux en la présence de Thierry Bolloré, il est resté PDG de Renault et d'une alliance qu'il incarne depuis l'entrée de Renault au capital de Nissan en 1999.
«En cas d'erreur de reporting, nous pensons que le sujet pourrait se solder par une amende pour Ghosn, et un impact limité pour Renault ou Nissan», commente Exane dans une note.
«Dans l'hypothèse pessimiste d'un délit plus grave, et si Carlos Ghosn n'est pas en mesure de se maintenir à la tête de Renault et/ou à la présidence de Nissan, alors des questions plus complexes vont se poser sur le futur à long terme de la structure de l'alliance et sur la perspective de toute fusion».
Dans un communiqué, Nissan a annoncé qu'une enquête interne avait établi que Carlos Ghosn avait utilisé de l'argent du groupe japonais à des fins personnelles, et que son conseil d'administration proposerait qu'il soit rapidement démis de ses fonctions de président.
Selon l'agence de presse japonaise Jiji, Carlos Ghosn aurait sous-évalué de cinq milliards de yens sa rémunération chez Nissan, qui s'élèverait à 10 milliards de yens.
Renault détient 43,4% de Nissan, qui possède en retour 15% de Renault. Le groupe japonais est ainsi le deuxième actionnaire du constructeur français en terme d'actions, derrière l'Etat français qui détient 15,01% du capital.
L'Elysée n'a pas souhaité réagir à une procédure en cours, tandis qu'une porte-parole de Renault n'était pas en mesure dans l'immédiat de faire un commentaire.