La reprise de l’activité économique et le contexte des taux sont les principaux catalyseurs du marché actions cette année.
Par Y. Seddik
Capter une performance positive en 2023 sera une mission difficile pour les investisseurs en Bourse cette année. Les catalyseurs baissiers de 2022 sont toujours d’actualité et l’incertitude augmente d’un cran. Avec la crise inflationniste en toile de fond, plusieurs éléments vont driver la croissance en Bourse cette année. Il s’agit, selon les stratégistes de BMCE Capital Global Research, de la croissance économique, la capacité bénéficiaire des entreprises cotées, l’arbitrage actions/taux et les dispositions de la Loi de Finances 2023. De manière générale, la reprise économique est fragile, avec une valeur ajoutée attendue en progression de 3% en 2023 contre 3,6% antérieurement, selon Bank Al-Maghrib. Plusieurs institutions nationales et internationales ont revu leur projection de croissance économique à la baisse. Pour BKGR, la reprise économique est tributaire de la campagne agricole 2022/2023, avec un affaissement de la demande intérieure dans un contexte de hausse globale des prix. L’autre source d’inquiétude relevée par le bureau de recherche a trait à la menace de récession économique mondiale qui affecte notamment les principaux partenaires commerciaux du Royaume. Tandis que le maintien des pressions inflationnistes tant au niveau national qu’international laisse planer le spectre stagflationniste. Ainsi, ce spectre d’une stagflation, induit par une forte inflation, pourrait avoir comme implication une inflexion du rythme de croissance de la capacité bénéficiaire des sociétés cotées.
Des marges plus resserrées
Justement, pour 2023, les analystes tablent sur un RNPG prévisionnel en progression de 16,5% à 30,8 milliards de DH. Retraité de l’effet de base relatif au paiement de l’astreinte de l’ANRT sur IAM, la capacité bénéficiaire devrait ainsi progresser de près de 6%. Ceci grâce à la poursuite de l’allégement du coût du risque et de la bonne tenue de la marge d’intérêt, en lien avec la croissance attendue des crédits et l’effet de base positif du fait de la non-récurrence de la provision d’IAM. Les éléments qui pourront toutefois peser sur la profitabilité des sociétés cotées sont, entre autres, le tassement des marges dans le sillage de la hausse générale des prix. Mais, de façon générale, il faut dire que les entreprises cotées auront plus de mal à dépasser les attentes, comme ce fut le cas par exemple en 2021, du moins à court terme. En fait, il faut s’attendre à une plus grande dispersion de la performance des actions tout au long de l’année, un contexte qui pourrait créer des opportunités pour les investisseurs actifs.
Un nouveau barème fiscal contraignant
La Loi de Finances 2023 prévoit une révision progressive, étalée sur 4 ans à partir de l’année prochaine, des tranches et des taux d’imposition normalisés de l'IS. Le nouveau barème fiscal prévoit ainsi une baisse à 20% pour les sociétés dont le bénéfice net fiscal est inférieur à 100 MDH (contre 31% actuellement), une hausse à 35% pour les sociétés dont le bénéfice net fiscal est supérieur à 100 MDH (contre 31% actuellement) et une augmentation à 40% pour les établissements de crédits, les organismes assimilés et les entreprises d’assurances et de réassurance (contre 37% actuellement). Pour BKGR, ce nouveau cadre fiscal peut altérer la capacité bénéficiaire des sociétés cotées, notamment avec la hausse du taux d’imposition des sociétés réalisant un RN supérieur à 100 MDH, des établissements de crédit et des assurances. Rappelons que dans une précédente étude, BKGR a estimé que l'enveloppe d'IS des sociétés cotées devrait augmenter de 430 MDH en 2023. Toujours dans le cadre de la LF 2023, on note une baisse progressive du taux d’imposition des dividendes à 10% vs 15% actuellement à horizon 2023.
Resserrement de l’arbitrage action/obligation
Jusqu'aux premiers mois de 2022 (avant le déclenchement de la guerre en Ukraine), l’arbitrage a toujours été favorable aux actions, en particulier pour les institutionnels. Mais maintenant la donne a changé. Compte tenu du contexte macroéconomique actuel, les investisseurs font face à une situation atypique, rendant délicat l’arbitrage entre l’action et l’obligation. En 2023, les investisseurs s’attendent, d’une part, à une probable nouvelle revue à la hausse du taux directeur en mars prochain et, de l’autre, à un renchérissement du coût de la dette pouvant grever le résultat financier des sociétés.