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Bitcoin-Blockchain : et si on régulait plutôt qu’interdire ?

Bitcoin-Blockchain : et si on régulait plutôt qu'interdire ?

 

Il faut faire attention de ne pas jeter le bébé (Blockchain ndlr) avec l’eau du bain (bitcoin)

 

 

Les défenseurs des cryptomonnaies au Maroc sont peu audibles. Depuis la décision de l’Office des changes à l’encontre du Bitcoin, peu de voix ont su y opposer une argumentation convaincante, sinon pertinente.

Badr Bellaj consultant expert en Blockchain (la technologie sur laquelle repose le Bitcoin), fait partie de ceux-là. Dans une tribune au titre évocateur, «Interdiction du Bitcoin, un pas en arrière», publiée dans la dernière newsletter de l’AUSIM (Association des utilisateurs des systèmes d’information au Maroc), il déplore la frilosité des régulateurs marocains, et bat en brèche l’argumentaire des autorités marocaines.

Pour des raisons d’image et de réputation tout d’abord : «Cette décision a engendré une publicité négative pour l’image de notre pays dans les médias internationaux. Nous sommes dorénavant comptés parmi le peu de pays considérés comme ennemi du Bitcoin, à savoir le Vénezuela, le Zimbabwe, la Bolivie, le Kirghistan, le Liban, le Népal, le Bangladesh et l’Algérie», écrit Bellaj. Et d’ajouter : «le reste du monde n’interdit pas le Bitcoin, (…), parce qu’il est perçu comme une opportunité à saisir», selon qu’il soit considéré comme une monnaie, une marchandise ou un actif financier.

 

Or, et c’est là le deuxième reproche fait par Bellaj à la décision de l’Office des changes, «au Maroc, le Bitcoin reste presque exclusivement utilisé comme actif financier et non comme devise, (…), par conséquent l’application des lois de change est controversée».  Pourquoi ?

Bellaj explique que l’Office des changes (OC) est intervenu parce qu’il considère que les transactions en Bitcoin sont des transactions d’échange ou de paiement avec l’international, ou en considérant qu’il s’agit de trading de devise.

Mais ajoute-t-il, l’OC oublie «que l'idée de la frontière disparaît quand on parle de Bitcoin et qu’il est considéré plutôt comme actif financier et non comme une monnaie». Signalons au passage que le gouverneur de Bank Al-Maghrib avait lui-même déclaré que le Bitcoin n’est pas une monnaie. «Le Bitcoin ne répond pas aux critères d’une monnaie. Il s’agit davantage d’un actif financier, hautement spéculatif», déclarait Abdellatif Jouahri lors du dernier Conseil de la Banque centrale.

Par ailleurs, souligne-t-il, un détenteur de Bitcoin peut l’utiliser dans le même pays, sans marchander avec l’extérieur. «Ceci n’implique pas la régulation des changes», fait-il remarquer. Et que dire d’un Marocain qui procède à l’achat de Bitcoin en toute conformité avec les lois de change en vigueur, en respectant la dotation en devises, en ligne ou par l'intermédiaire des banques marocaines ?

 

Le troisième point mis en exergue par Bellaj est relatif au développement de la Blockhain. Elle pourrait être affectée, de manière indirecte, par la décision des autorités marocaines d’interdire le Bitcoin. «Bien que la décision de l’Office n’interdit pas explicitement la technologie sous-jacente à ces monnaies virtuelles, à savoir la Blockchain, elle portera atteinte à son épanouissement au Maroc et limitera son cadre d’adoption». Or, la Blockchain, tout le monde ou presque s’accorde à le dire, c’est l’avenir des services financiers. Réguler, encadrer, faire de la recherche, benchmarker, oui ; interdire, non !

Finalement, c’est Mohamed Saad, président de l’Ausim et directeur SI à la Bourse de Casablanca, qui résume assez bien la problématique, dans son mot introductif de la newsletter, avec une formule assez juste : «il faut faire attention de ne pas jeter le bébé (Blockchain ndlr) avec l’eau du bain (bitcoin)», car la blockchain, «reste l’innovation la plus disruptive depuis l’avènement d’Internet». A bon entendeur.

 

A lire aussi : Bitcoin, l’enfant gênant

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A.E

 

 

 

 

 

 

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