A J-2 de la Journée mondiale du tourisme, le Centre régional du tourisme de Casablanca – Settat a célébré l’évènement à travers une conférence sur le tourisme durable, thème également retenu cette année par l’Organisation mondiale d $u tourisme, mais qui ne figure pas sur la feuille de route 2023-2026 du tourisme.
Le président du CRTCS, Othman Cherif Alami, a promis d'attirer l’attention des autorités sur la question.
Par A. Diouf
Le 27 septembre de chaque année, la communauté internationale célèbre la Journée mondiale du tourisme. Cette année au Maroc, c’est le Centre régional du tourisme de Casablanca – Settat (CRTCS) qui s’est saisi de l’évènement en organisant, le 25 septembre à Casablanca, une conférence sur le tourisme durable et investissement, thème également retenu par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT).
La conférence était notamment animée par Majid Kaissar El Ghaïb, professeur à l’ESCA, qui a rappelé l‘urgence qu’il y a à traiter les questions climatiques par tous les secteurs économiques, dont celui du tourisme. En effet, il n’y a plus que 7 années qui nous séparent de l’échéance fixée par les Nations unies et l’Accord de Paris pour la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD). Et selon lui, «si le Maroc peut aujourd’hui parler et se projeter sérieusement dans la production d’hydrogène vert, c’est parce qu’il s’était engagé dans la production d’électricité à partir de sources renouvelables, telles que le solaire et l’éolien, il y a longtemps. Eh bien, il faut faire pareil dans le tourisme, parce que bientôt les choses vont radicalement changer dans le secteur».
Emergence du tourisme responsable
Les touristes d’aujourd’hui ne sont, en effet, pas les mêmes que ceux d’hier. Ils choisissent désormais leurs destinations de vacances en fonction de plusieurs critères, dont ceux de l’utilité et de la durabilité. Ils pratiquent un tourisme responsable, c’est-à-dire qu’ils sélectionnent avec soin leur destination, les moyens de déplacement pour s’y rendre, les activités sur place, les consommations diverses et variées et, bien sûr… leurs logements. D’ailleurs, pour les satisfaire, de plus en plus de plateformes de réservation d’hébergements écoresponsables fleurissent sur la toile. Elles permettent notamment aux vacanciers de participer à leur façon à la préservation de l’environnement.
Et des immeubles «verts» aux logements les plus atypiques, il y en a pour tous les goûts, et ce quel que soit le budget. Dans cette course folle à la séduction des vacanciers écoresponsables, certaines plateformes ont même développé des indices pour mesurer les efforts fournis par les hôtes pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et leurs consommations de ressources naturelles. Des écolabels, qui vont bientôt remplacer les labels classiques, sont également lancés un peu partout pour reconnaître les bons élèves parmi les établissements touristiques.
Multiplier les lignes de financement
Bref, le tourisme durable est une réalité et le Maroc ferait mieux de l’investir dès maintenant, sinon il risque d’être dépassé et perdre des parts de marché. En effet, les délais de retour sur investissement sont généralement longs, puisqu’ils se situent entre 10 et 25 ans. N’empêche que, dira Majid Kaissar El Ghaïb, certaines lignes de financement existent au Maroc et peuvent accompagner les opérateurs touristiques. Il y a, par exemple, les GEFF I et désormais GEFF II de la BERD, qui ont suivi le Morseff qui a connu beaucoup de succès. Il y a aussi le Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Mais selon le président du CRTCS, Othman Cherif Alami, il ne faut pas trop y compter.
Pourquoi ? Eh bien parce que même sa holding, qui est une PME moyenne qui dégage un chiffre d’affaires de 300 millions de DH, n’aurait droit qu’à un petit ticket de la part du fonds. Alors, ne parlons pas des petites entreprises touristiques. Pourtant, il va falloir multiplier les lignes de financement dans le tourisme durable, parce qu’il offre plusieurs avantages. Une formule de financement durable dédiée à faire baisser l’énergie consommée par les hôteliers pourrait par exemple être trouvée. «Il est inconcevable que l’hôtelier paye le même prix unitaire de l’énergie qu’un propriétaire d’une villa ou d’une maison. On pourrait par exemple mettre en place une ligne de financement green où l’hôtelier pourra bénéficier d’un prix industriel de l’énergie dans dix ans, s’il parvient à assurer son autoconsommation à hauteur de 80%», souligne Othman Cherif Alami. De même, «si dans les 10 prochaines années on arrive à mettre tout le transport terrestre touristique à l’électrique, on diminuerait la facture énergétique de cette branche de 80%», ajoute le président du CRTCS.