Avec 97 milliards de dirhams de chiffre d’affaires en 2024, l’OCP demeure de loin le premier contributeur individuel aux échanges extérieurs du Royaume.
Les ventes de phosphates et dérivés ont généré 86,8 milliards de dirhams, soit près d’un cinquième des exportations totales du Maroc en 2024 (454,9 Mds de DH), pour une progression annuelle de 13% qui place toujours les engrais par mi les quatre moteurs du commerce extérieur, aux côtés de l’automobile, de l’aéronautique et de l’agroalimentaire. Et dans cette configuration, le virage engagé il y a dix ans pour réduire la part de la roche dans le mix produit porte aujourd’hui ses fruits : 69% des revenus 2024 de l’OCP proviennent d’engrais à forte valeur ajoutée, contre 42% en 2014.
À lui seul, le triple super-phosphate (TSP) a vu ses volumes bondir de 48% grâce à la demande brésilienne et indienne, tandis que les engrais hydrosolubles et les formules enrichies en micronutriments séduisent les filières à haute valeur (fruits rouges, horticulture, oléagineux). Cette montée en gamme repose sur une capacité unique de personnalisation grâce à l’analyse de sols via laboratoires mobiles, développement de formules adaptées aux carences constatées, production locale dans 27 unités de blending et transfert de savoir-faire aux agronomes. Le processus permet d’appliquer la règle des «4R» (bon produit, bonne dose, bon moment, bon endroit) et d’augmenter les rendements de maïs de 37% en Éthiopie, tout en réduisant le lessivage d’azote.
Un modèle industriel vert et compétitif
Pour préserver ses marges et s’aligner sur les exigences climatiques des marchés, le Groupe déploie un programme d’investissement vert de 13 milliards de dollars (2023-2027), financé notamment par l’AFD et par des émissions obligataires vertes. Objectif : 100% d’électricité renouvelable et d’eau non conventionnelle en 2027, intégration d’ammoniac vert et neutralité carbone complète d’ici 2040. Les partenariats structurants avec Engie (17 milliards d’euros dans les renouvelables et le dessalement) ou Fortescue (hydrogène et ammoniac verts) sécurisent l’accès aux intrants bascarbone et cimentent la compétitivité future des engrais «décarbonés».
Une stratégie «win-win» pour l’Afrique
Créée en 2016, la filiale OCP Africa incarne la diplomatie économique du Groupe. Son approche partenariale repose sur trois piliers :
• Production locale : complexes d’engrais intégrés au Nigeria (ammoniacurée) et en Éthiopie (Dire Dawa) pour capter la valeur ajoutée sur place et réduire les coûts logistiques.
• Infrastructure de distribution : plateformes logistiques, hubs portuaires et financement d’unités de blending (Ghana, Rwanda, Côte d’Ivoire) pour rapprocher l’offre des bassins agricoles et adapter les formules aux sols tropicaux.
• Renforcement des capacités : programmes agronomiques, cartographie de la fertilité des sols et accès au crédit, afin de doper durablement la productivité des petites exploitations.
Cette approche intégrée a déjà permis de former plus de deux millions d’agriculteurs africains et d’augmenter de 20% les rendements moyens sur les parcelles pilotes tout en renforçant la souveraineté alimentaire des pays partenaires. Un atout stratégique pour le Royaume En consolidant la part des produits transformés dans ses ventes, l’OCP amortit la volatilité des cours et sécurise des rentrées en devises essentielles au Maroc.
Par la même occasion, il projette l’image d’un Maroc industriel, innovant et engagé pour le climat. Entre avance technologique, diplomatie agraire et investissement vert, le champion phosphatier confirme son rôle de pilier des exportations et de fer de lance du codéveloppement africain. Un positionnement qui devrait encore se renforcer avec l’entrée en service des nouveaux complexes et la montée en puissance des engrais bas-carbone.