- L’Association des femmes chefs d’entreprise du Maroc peine à fédérer les dirigeantes de société.
- Leila Andaloussi, expert-comptable, ambitionne de donner envie aux femmes chefs d’entreprise de venir grossir les rangs de l’association créée en 2000.
Quelques jours après l’écrasante victoire de Salaheddine Mezouar sur son concurrent Hakim Marrakchi pour les élections à la présidence de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), c’est au tour de Leila Andaloussi et Aïcha Laasri Amrani de croiser le fer dans la perspective de remporter les élections au poste de la présidence de l’Association des femmes chefs d’entreprise du Maroc (Afem).
Une chose est sûre, les élections du 5 juin 2018 de l’association créée le 28 septembre 2000 suscitent moins d’intérêt et d’engouement aux yeux du grand public, intéressé davantage par les échéances électives du grand patronat.
Il faut dire que les différentes femmes qui se sont succédé à la tête de l’Afem, n’ont pas pu renforcer la visibilité de celle-ci, encore moins accroître sa force de frappe en termes de lobbying auprès des différents interlocuteurs-clefs (membres du gouvernement, parlementaires, etc.).
Affaiblie par les multiples défections de ses adhérentes, l’association censée être une source d’enrichissement, d’épanouissement et de développement de l’entrepreneuriat féminin, a perdu de sa superbe. Soulignons à ce titre que l’Afem compte près de 600 adhérentes dont 200 sont à jour au niveau des cotisations.
Dans le même temps, si les chiffres nationaux montrent que les femmes ne représentent que 12% des chefs d’entreprise, certaines études internationales crédibles placent le Maroc au rang de dernier de la classe en termes d’entrepreneuriat féminin, avec un taux inférieur à 5%.
C’est dans ce contexte en proie à de multiples challenges que Leila Andaloussi a présenté récemment son programme 2018-2021, dont la vocation est d’insuffler une nouvelle dynamique à l’association qui ambitionne de fédérer davantage de patronnes d’entreprise. Sachant que jusque-là, certaines dirigeantes ne jugent pas opportun d’adhérer à l’entité associative. «Il faut donner aux femmes l’envie d’intégrer l’Afem», martèle Andaloussi, expert-comptable au Maroc depuis 2000, et unique membre féminin faisant partie de l’équipe dirigeante de l’Ordre national des experts-comptables.
Une expertise avérée au service de l’Afem
Leila Andaloussi qui accompagne les entreprises marocaines dans leurs différentes phases de développement depuis près de 20 ans, compte bien capitaliser sur son expérience professionnelle pour s’arroger les faveurs des adhérentes à jour dans les cotisations, donc autorisées à voter le 5 juin 2018.
Adepte du pragmatisme, la candidate se fixe des objectifs réalisables une fois portée à la tête de l’entité qui compte plusieurs antennes régionales.
En cela, l’expert-comptable propose entre autres, l’optimisation de la gestion de l’Afem en créant davantage de synergie avec les antennes régionales, ce qui passera par le développement d’un système d’information efficace. Le renforcement des compétences managériales des femmes, l’accompagnement des TPE-PME, la transformation de la fiscalité en levier de développement ainsi qu’un meilleur accès au financement des membres de l’Afem constituent autant d’axes prioritaires pour celle qui reste convaincue que l’association doit se renouveler en misant sur l’innovation, gage de performance.
Au registre des propositions, il y a lieu de mentionner également l’élaboration d’un networking digital, la création d’un pôle de coordination régional et la mise en place d’une commission fiscale afin d’agréger les doléances fiscales des femmes. A cela, il faudrait ajouter l’instauration d’une commission chargée de la sélection des membres. L’objectif est de mettre l’accent sur la qualité des nouvelles recrues.
Revoir le modèle d’incubation d’entreprises
S’il est vrai que l’Afem a créé le premier incubateur d’entreprises dirigées par des femmes au niveau de la région MENA, force est d’admettre que la gestion de celui-ci reste perfectible. Leila Andaloussi propose dans ce sens la révision du mode de sélection, en privilégiant les entreprises à fort potentiel de croissance, notamment les start-up. La femme pour qui les bilans et les états de synthèse n’ont pas de secret, recommande d’impliquer d’autres acteurs financiers dans le processus d’incubation. Ce qui pourrait passer par un système de prises de participation dans le tour de table des entreprises. ■
Inspirer les jeunes filles
La candidate à la présidence de l’Afem qui a pris son bâton de pèlerin pour aller à la rencontre des femmes adhérentes des autres régions, compte à travers l’association inspirer davantage de jeunes marocaines. «Seuls 37% de femmes pensent avoir les capacités d’entreprendre», déplore-t-elle. Et d’ajouter : «Le travail doit se faire en amont au cours du cursus scolaire et universitaire pour développer la fibre entrepreneuriale des jeunes femmes. Ces dernières ont besoin de modèles pour s’identifier».
M. Diao