Sous d’autres cieux, il existe une nette corrélation entre la pérennité de l’entreprise et le profil de son créateur (niveau d’études, âge, expérience).
Au Maroc, le succès d’une entreprise dans la durée est lié à d’autres facteurs.
La pérennité de l’entreprise est tributaire d’un ensemble de facteurs, pour ne citer que la forme juridique, le secteur d’activité, le montant de l’investissement initial (capital), mais aussi le profil du créateur, paramètre-clef, à en croire les résultats d’une enquête relayés par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) en 2010.
En clair, l’enquête portant sur les facteurs déterminants de la pérennité de l’entreprise établit une forte corrélation entre le niveau d’études, l’âge et l’expérience professionnelle du créateur et la longévité de sa structure. Les résultats sont édifiants, car ils démontrent que la durée de vie d'une entreprise augmente proportionnellement à mesure que le niveau d'études est important. De plus, les entreprises créées par les personnes jouissant d'une expérience professionnelle de plus de 10 ans dans un secteur d'activité proche de celui de leur entreprise sont pérennes à 60%. Toutefois, l’important est de savoir si ces résultats peuvent valablement être appliqués au Maroc.
Selon Ahmed Elazraq, fondateur de la société Global Telecommunication Development (GTEL), ce raisonnement n’est pas tout à fait valable au Maroc, pays qui compte des chefs de TPME dont la plupart a un niveau d’études moyen. «La pérennité d’une entreprise au Maroc est beaucoup plus liée à d’autres facteurs, pour ne citer que la capacité de mobilisation du patron, son leadership et ses qualités relationnelles», confie le patron de GTEL. D’ailleurs, les patrons de TPME, avec un niveau d’instruction pas très élevé et qui réussissent dans les affaires sont légion au Maroc.
Du reste, force est d’admettre qu’un minimum d’expertise en matière de confection de businessplan, de gestion des ressources humaines et de fiscalité, est toujours un plus dans le domaine de l’entrepreneuriat, qui nécessite par ailleurs beaucoup de flair. Au-delà de la question du profil du créateur de l’entreprise, des contraintes de taille pénalisent la pérennité des structures de taille modeste. A ce titre, il y a lieu de citer la frilosité des banques pour l’octroi des crédits destinés aux TPME, la sous-capitalisation des entreprises et l’allongement des délais de paiement, comme en témoigne l’augmentation des crédits interenteprises chiffrés à 365 Mds de DH par les dernières données disponibles.
Par ailleurs, Aziz Qadiri, président du Réseau entreprendre Maroc, reste convaincu qu’il est crucial d’encadrer les jeunes entrepreneurs qui, de facto, manquent d’expérience, même s’ils peuvent parfois être doués. Cela est d’autant plus vrai, qu’en matière d’entrepreneuriat, le talent n’est pas toujours gage de réussite.
M. Diao
Paroles de pro
Ahmed Elazraq, fondateur de la société Global Telecommunication Development (GTEL)
«Dans notre secteur, les télécommunications, il n’est pas toujours opportun d’établir la corrélation entre le niveau d’études du créateur de l’entreprise et la pérennité de sa structure. Il est évident que notre branche requiert un minimum d’expertise, mais des études très poussées du créateur d’entreprise ne garantissent pas toujours le succès. A mon sens, il faut le juste milieu, c’est-à-dire un certain niveau de connaissance du domaine et des qualités entrepreneuriales, indispensables pour la réussite de l’entreprise dans la durée. Je dirai même que plus on fait des études et moins on développe la fibre entrepreneuriale. Par exemple, il est assez rare de voir un titulaire de doctorat dans notre domaine réussir dans l’entrepreneuriat. Cela étant dit, la solidité du tissu entrepreneurial marocain dépend aussi fortement de l’environnement des affaires, détérioré par l’allongement des délais de paiement avec leurs implications négatives sur la trésorerie des TPME. Notre entreprise fait les frais de cette situation. Depuis quelque temps, nous attendons toujours le règlement d’un grand opérateur téléphonique de la place».
>> Infos pratiques : Label RSE : Quinze entreprises décrochent le précieux sésame
Le Sommet international de la valorisation des déchets et le climat organisé récemment à Skhirat était l’occasion idoine pour la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) de révéler la liste des quinze entreprises ayant décroché le label de la responsabilité sociale de l'entreprise (RSE). Il s’agit, entre autres, d’Al Barid Bank, Chronopost, HC CDG, Lydec, Sona Maghreb industries, SNEP, Société d’aménagement Zenata, Taqa Morocco et Transdev. La confédération dirigée par Miriem Bensalah Chaqroun a aussi renouvelé l’octroi du label à plusieurs entreprises pour ne citer que Cosumar, la Compagnie minière de Guemassa (CMG), filiale de Managem, Lafarge Holcim Maroc, Phone group et Salam Gaz. Pour rappel, le label CGEM pour la RSE récompense le respect des entreprises marocaines et leur ferme engagement pour la promotion des principes de responsabilité sociale et de développement durable. Ces principes auxquels souscrivent les entreprises citées, seraient de nature à accroître leur compétitivité. De plus, du côté du patronat marocain, on est persuadé que la démarche entrepreneuriale s’appuyant sur la politique de RSE est propice à l’amélioration de l’attractivité des territoires et au développement des IDE. En outre, la souscription des entreprises à la politique de RSE serait favorable au développement humain et efficace pour la lutte contre la pauvreté. Il y a tout même lieu de souligner que la CGEM doit déployer des efforts afin de sensibiliser davantage de TMPE à cette démarche bénéfique à maints égards.