Introduit au Maroc depuis 1965, le crédit-bail ne cesse de se développer. Pour s’en convaincre, il suffit de passer en revue l’évolution de son encours (41,8 Mds de DH en 2014). Toutefois, les entreprises, notamment les TPME, sont toujours plus portées sur le crédit classique, et ce en dépit des multiples avantages qu’offre le crédit-bail.
Le crédit-bail existe depuis près de 50 ans au Maroc. Son essor fulgurant est amplement corroboré par les derniers chiffres révélés par l’Association professionnelle des sociétés de financement (APSF). En effet, au titre de l’année 2014, l’encours de l’activité de la branche a atteint 41,8 Mds de DH. Ce qui laisse paraître une hausse de 527 MDH par rapport à 2013, avec une répartition de l’encours de 26,8 Mds de DH (-2,2% par rapport à 2013) pour le crédit-bail mobilier (CBM), et de 15 Mds de DH pour le crédit-bail immobilier (CBI). A noter que ce dernier a connu une hausse de 1,1 Md de DH en 2014. En dépit de ces performances édifiantes, il est important de faire remarquer que les entreprises marocaines sont plus portées sur le crédit bancaire classique pour acquérir des biens ou réaliser des investissements. Et pourtant, le crédit-bail offre de multiples avantages juridiques, comptables (régime des amortissements) et fiscaux, outre le fait qu’il soit un véhicule de financement approprié pour les entreprises. A ce stade, il est utile de souligner que le leasing ou crédit-bail mobilier, qui concerne les biens d’équipement, de matériel et d’outillage, donne la possibilité à l’entreprise de choisir son matériel auprès du fournisseur. Par la suite, l’établissement de crédit-bail achète au fournisseur le bien, en lieu et place de l’entreprise, et le loue à cette dernière dans le cadre d’un engagement irrévocable sur une période déterminée. L’avantage incontestable que tire l’entreprise de cette opération est qu’elle investit sans pour autant puiser dans ses fonds propres. Ce qui est d’autant plus profitable que la trésorerie des entreprises est soumise à de fortes pressions, exacerbées par l’allongement des délais de paiement et les durcissements des conditions d’octroi des facilités de caisse. A noter tout de même qu’au terme de la période déterminée, l’entreprise a la latitude de renoncer à la location, ou d’acquérir le matériel pour un prix intégrant les versements effectués durant la période de location. Outre cette précision, même si l’encours du crédit-bail immobilier est moins important que celui du leasing mobilier, comme cela a été vu précédemment, il n’en demeure pas moins que le crédit-bail immobilier a été un puissant levier de développement et de modernisation pour certaines entreprises. En effet, celui-ci a permis à un large tissu de grandes entreprises évoluant dans plusieurs branches (services, commerce, industrie, textile, etc.) de tirer profit de montages financiers extrêmement pointus. Toutefois, ce qui est de bon augure est que les PME utilisent de plus en plus le crédit-bail immobilier pour réaliser des investissements. D’ailleurs, les chiffres montrent qu’elles pèsent un peu plus de 50% de l’encours et du chiffre d’affaires des établissements de leasing. Au final, il incombe aussi aux établissements de crédit-bail et à l’APSF de sensibiliser davantage les TPME sur l’opportunité de réaliser leurs investissements via le crédit-bail.
>> Infos pratiques
Mobilisation des principaux acteurs
Parmi les initiatives qui ont vu le jour dans l’optique d’encourager le financement de l’investissement des TPME au moyen du crédit-bail, il y a lieu de citer le partenariat scellé entre l’Association professionnelle des sociétés de financement (APSF) et la Caisse centrale de garantie (CCG). En effet, ce partenariat, qui a pris la forme d‘une convention bilatérale, étend l’offre de garantie de la CCG au crédit-bail. De plus, il dresse les contours des règles générales d’une intervention conjointe au titre du «Fonds de garantie PME». Par ailleurs, il y a lieu de noter que la conclusion de cette convention a vu le jour sous l’égide de l’APSF, qui a, par ailleurs, conclu avec le ministère de l’Economie et des Finances et la CCG un protocole d’entente relatif à la garantie du crédit-bail en faveur des TPME. A noter qu’en vertu de ce protocole, le ministère de l’Economie et des Finances réitère, une fois de plus, son engagement pour soutenir le développement de l’activité de financement des TPME et ce, par l’élargissement de l’activité du Fonds de garantie PME aux opérations de crédit-bail consentis par les sociétés de financement membres de l’APSF. Par ailleurs, à travers cet accord, l’APSF et ses membres, qui interviennent dans l’activité de crédit-bail s’engagent à déployer davantage d’efforts pour développer le financement de l’investissement des TPME au moyen du crédit-bail. L’objectif majeur, à court terme, est de doubler les financements des TPME via le crédit-bail.
Paroles de pro
Adil Salim El Qalb,
directeur de Concept Automation
«Parmi tous les véhicules de financement disponibles pour permettre aux entreprises de réaliser leur investissement, notre entreprise a opté pour le leasing. Car il a l’avantage de permettre à une PME de réaliser des investissements, sans pour autant recourir aux fonds propres. Concernant notre entreprise, nous avons fait le choix de recourir au leasing pour l’acquisition de cinq véhicules. Abstraction faite des avantages juridiques, comptables (régime des amortissements) et fiscaux, nous avons résolument opté pour le crédit-bail, à cause des intérêts qui découlent des crédits bancaires classiques auxquels ont recours la majorité des PME. Du reste, notre banque nous a suggéré de recourir aux crédits classiques qui seraient plus avantageux. Mais, par conviction, notre choix s’est porté sur ce mode de location sur une période déterminée. Par ailleurs, l’autre avantage du crédit-bail est qu’il permet à l’entreprise d’échelonner ses investissements. Toutefois, il y a lieu de noter que l’essor de la branche du crédit-bail au Maroc est plus que souhaitable, car celle-ci constitue une réelle alternative pour les entreprises ne désirant pas, pour diverses raisons, recourir aux modes de financement classique».
Momar Diao