Zones oasiennes et de l’arganier : les limites de la stratégie de développement dédiée

Zones oasiennes et de l’arganier : les limites de la stratégie de développement dédiée

Avec l’ANDZOA, de nombreuses réalisations ont été enregistrées sans pour autant atteindre tous les objectifs. Pour l’huile d’argan, les intermédiaires assurent de larges marges au détriment des exploitants.

 

Par C. Jaidani

Le Maroc accorde une grande priorité au développement des zones oasiennes et de l’arganier. Une stratégie dédiée a été initiée pour impulser une nouvelle dynamique aux activités spécifiques dans ces régions, dont notamment la production des dattes et l’huile d’argan. Il s’agit aussi de lutter contre la vulnérabilité de la population, dont le taux est élevé comparativement à la moyenne nationale. L’objectif est enfin de préserver l’environnement, car cet espace est fragile et constamment dépendant des aléas climatiques. Pour superviser cette stratégie, l’Agence nationale pour le développement des zones oasiennes et de l’arganier (ANDZOA) fut lancée en 2010.

De nombreuses réalisations ont été enregistrées entre 2013 et 2022, mais avec le temps, quelques limites sont apparues. Depuis sa création, 123.871 emplois ont été créés, ramenant la pauvreté de 13,7% en 2007 à 6,01% en 2022. Aussi, l’agence a scellé des partenariats avec d’autres acteurs majeurs, ce qui a permis de donner une nette avancée à de nombreux indicateurs sociaux, comme l’amélioration de l’accès à l’eau potable, à l’électricité et la scolarisation. Avec ses partenaires nationaux et étrangers, elle a pu mobiliser 3,92 milliards de DH ayant permis de financer différents projets structurants. A l’horizon 2030, il est prévu de lever 7,47 milliards de DH pour financer le contrat-programme destiné à promouvoir et développer la filière phoénicicole. L’objectif est d’atteindre une production de 300.000 tonnes de dattes à travers l’extension de la superficie et la réhabilitation de la palmeraie existante.

En 2023, l’activité a enregistré une récolte de plus de 115 mille tonnes, en hausse de 6,5% par rapport à la saison précédente. En dépit de la hausse de la production, le volume disponible arrive à peine à assurer 50% de la consommation. De ce fait, le Royaume est contraint d’importer annuellement en moyenne 103.000 tonnes. Il assure une autosuffisance en dattes de 48% seulement alors que des pays de la région, comme l’Algérie et la Tunisie, figurent parmi les grands exportateurs. Au niveau de la filière arganière, c’est un tout autre schéma, puisque le Maroc assure la quasi-totalité de la production de l’huile d’argan dans le monde, car la plante existe dans une grande majorité dans la région de SoussMassa-Draa. L’activité a connu de nombreuses évolutions permettant d’augmenter la productivité, l’export et la valorisation des produits. Toutefois, le secteur est impacté par quelques contraintes qui perturbent son évolution.

Une grande quantité de la production est destinée à l’export, générant en moyenne 300 millions de DH de recettes. Grâce au développement des coopératives et des associations, des milliers de personnes, particulièrement des femmes, ont pu améliorer et stabiliser leurs revenus. Mais le potentiel de développement est important et il est très peu investi. «La stratégie destinée au développement des zones oasiennes et de l’arganier présente plusieurs limites. Elle est essentiellement à vocation agricole, alors qu’elle doit prendre en considération d’autres aspects, notamment les infrastructures de base qui sont très faibles dans ces zones. Les dernières crues ont révélé un retard important à combler.

L’interférence de nombreux acteurs publics et privés dans le domaine et la faible coordination entre eux réduisent l’efficacité des programmes lancés. Que ce soit pour les dattes ou l’huile d’argan, principaux produits générés dans ces régions, la production reste en deçà des objectifs. En cause, la présence d’intermédiaires qui réalisent d’importantes marges bénéficiaires au détriment des petits exploitants. La politique de valorisation et de promotion des produits est à revoir. Il est essentiel de réformer toute la stratégie dédiée», affirme Mohamed Amrani, professeur universitaire d’économie. 

 

 

 

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