◆ Le haut-commissaire au Plan identifie trois réformes urgentes à engager.
◆ Il insiste notamment sur la nécessité d’exploiter l’immense potentiel agricole du Maroc afin d’accélérer le rythme d’industrialisation du pays.
Par F. Z. Ouriaghli & M. Diao
La crise actuelle liée à la pandémie, qui a mis à rude épreuve la résilience des grandes économies à l’échelle mondiale, est un énième motif pour le Royaume d’accélérer la cadence des réformes. Qui de mieux que Ahmed Lahlimi, haut-commissaire au Plan (HCP), avec la liberté de ton qu’on lui connaît et l’indépendance qui caractérise l’entité publique qu’il dirige depuis 2003, est plus légitime pour se prononcer sur le périmètre des réformes urgentes à mener.
Ce haut commis de l’Etat, fin connaisseur des rouages de l’administration marocaine pour les avoir pratiqués depuis des décennies, identifie trois réformes cruciales. Elles ont trait à l’Administration, l’enseignement et l’agriculture. Au chapitre de la réforme de l’Administration, Lahlimi s’appuie sur un postulat de bon sens. L’ancien ministre de l’Economie sociale, des PME, et de l’Artisanat, chargé des Affaires générales du Gouvernement entre 1998-2002, est très perplexe quant à la pertinence de faire réformer l’Administration par l’Administration elle-même. «Une telle démarche ne fera que consolider les acquis de l’Administration. Ce qui rendra impossible l’atteinte des objectifs visés», analyse Lahlimi.
Il faut rappeler que dans l’actuelle configuration gouvernementale, il incombe au ministère de l’Economie et des Finances de piloter la réforme de l’Administration. Pour rappel, la principale trame de la réforme de l’Administration appelée à être mise en œuvre est la nouvelle approche du portefeuille public. Celleci consiste à distinguer les entreprises publiques ayant le caractère de sociétés anonymes et les établissements publics à caractère commercial d’une part, des établissements publics non commerciaux disposant ou non d’une autonomie financière, d’autre part.
Sachant que les établissements publics à caractère commercial seront transformés en sociétés anonymes. La future agence nationale de gestion stratégique des participations de l’Etat et de suivi de la performance des EEP sera l’une des nouveautés-phares de la réforme de l’Administration portée par le ministère susmentionné. Par ailleurs, concernant le perfectionnement du système éducatif, le hautcommissaire au Plan suggère de se défaire de ce qu’il qualifie de slogans.
«Le plus important n’est pas de prioriser telle ou telle langue, notamment l’arabe ou le français. L’essentiel est de se focaliser sur les disciplines dans l’optique de les adapter aux défis majeurs d’aujourd’hui et de demain», soutient-il. Toujours regardant sur la dimension prospective des politiques publiques, il attire également l’attention sur le caractère primordial de la planification des ressources financières du système éducatif du Royaume. Lahlimi a une idée précise sur la façon dont les secteurs public et privé de l’enseignement doivent être soutenus.
Et ce, afin qu’ils soient en mesure de doter leurs lauréats de compétences en phase avec les enjeux de développement du pays. La réforme du système agricole revêt aussi une grande importance pour Lahlimi. «Nous devons capitaliser sur l’immense potentiel agricole de notre pays afin d’accélérer le processus d’industrialisation nationale», recommande le directeur de l’ouvrage portant sur l’agriculture et la pêche, paru dans la Grande encyclopédie du Maroc.
En cela, le haut-commissaire au Plan propose la consolidation des exploitations familiales et l’élaboration de systèmes d’évaluation périodiques et de planification sur le long terme. Pour le patron du HCP, entité publique dont les prévisions économiques constituent un gage de fiabilité pour le FMI, la politique économique et le patriotisme marocain peuvent apporter des solutions au retard accusé par le Royaume en matière de transformation structurelle.