Foncier public : un levier important pour booster l’investissement

Foncier public : un levier important pour booster l’investissement

En mettant à disposition des investisseurs des terrains à des conditions avantageuses, le Maroc soutient la dynamique de plusieurs secteurs clés, de l’agriculture à l’industrie, en passant par le tourisme et les énergies. Mais pour que cet outil continue de produire ses effets, encore faut-il encadrer son usage, éviter la spéculation et renforcer le suivi des projets.

 

Par C. Jaidani

L'Etat dispose d’un patrimoine foncier de 5,47 millions d’hectares, qui s’avère être un levier important pour le développement. Dans de nombreuses stratégies sectorielles, le gouvernement a mis à la disposition des investisseurs des lots de terrain à travers la vente ou la location à des prix compétitifs. Parmi les secteurs bénéficiaires, figure en premier lieu l’agriculture qui, dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV) pour la période 2010- 2020 et Génération Green pour la décade 2020-2030, a connu un nouveau départ.

Autre secteur qui a bénéficié de cette manne  : le BTP. Pour accompagner les besoins du pays en matière d’accès au logement, différents projets ont vu le jour grâce aux terrains mis à la disposition des aménageursdéveloppeurs. L’industrie a également bénéficié de cette dotation en terrains. De nombreuses zones industrielles ont vu le jour grâce au domaine privé de l’Etat. Et ces dernières années, d’autres secteurs comme le tourisme, la logistique, le transport, les énergies et les mines en ont, eux aussi, profité.

Force est de constater que le foncier de l’Etat a été fortement sollicité pour promouvoir l’investissement privé, surtout pour les projets créateurs de valeur ajoutée et d’emploi. Rien qu’en 2023, 13.439 ha ont été mobilisés pour des investissements projetés d’un montant global de 37,83 milliards de DH. Cela a permis de créer 20.474 postes d’emploi.

«Sans le foncier de l’Etat, de nombreux projets n’auraient pas vu le jour, surtout dans des secteurs clés de l’économie nationale comme l’agriculture, l’industrie, le tourisme ou l’habitat. Il est utile de promouvoir cette assiette, la rendre encore plus accessible aux investisseurs. Il s’agit aussi de l’utiliser pour réduire les inégalités territoriales et donner ainsi plus d’attractivité aux régions. Les terrains cédés doivent obéir à des conditions bien précises, axées particulièrement sur la création d’emploi et d’effets d’entraînement socioéconomiques.

A cet égard, il faut privilégier l’option de la location au lieu de la vente pour que le foncier ne fasse pas l’objet de spéculation. L’option de la vente doit être envisagée après une certaine durée d’exploitation», souligne Mohamed Amrani, professeur d’économie à l’université Hassan II de Casablanca. En effet, le dernier rapport sur le foncier public mobilisé pour l’investissement, présenté dans le cadre de la Loi de Finances 2025, a révélé que près de 84% des terrains cédés l’ont été via la location. Cinq secteurs s’accaparent 95% du foncier domanial. Il s’agit du tourisme avec une part de 65%, suivi de l’industrie avec 20%, puis les services (18%), l’agro-industrie (11,4%) et l’habitat (3,3%).

«C’est une répartition tout à fait logique. Elle représente les secteurs phares de l’économie nationale et pour lesquels le gouvernement a lancé des stratégies de développement. Mais au niveau des investissements alloués, on trouvera une autre répartition, car certains secteurs sont plus capitalistiques que d’autres. Les énergies par exemple bénéficient de près de 50% des investissements mobilisés. Les mines ont 13,52%.

Entre la prospection, l’exploration et l’exploitation, les projets nécessitent beaucoup de fonds. Il faut payer les redevances pour les permis de recherche à l’Etat et financer les opérations de forage et d’exploitation, en plus des sommes colossales dépensées pour la distribution», explique Amrani.

Et de poursuivre que «les cessions de terrains domaniaux doivent faire l’objet d’un suivi et d’un contrôle rigoureux pour que les projets lancés aboutissent aux objectifs escomptés. Par ailleurs, il est primordial de faire une évaluation précise de tout le programme pour remédier aux différentes lacunes qui peuvent subvenir  et procéder éventuellement aux réglages nécessaires».

 

 

 

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