Le consommateur marocain est pénalisé par une pression fiscale plus forte que la moyenne de la région.
La classe moyenne demeure la plus touchée.
Par C. Jaidani
Le soutien au pouvoir d’achat des citoyens est l’un des principaux défis à relever par le nouveau gouvernement. Le programme gouvernemental comporte des mesures de soutien pour lutter contre la précarité et la vulnérabilité.
A cet égard, le chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, a annoncé une série de dispositions, dont la hausse des salaires pour les enseignants et le personnel soignant. Il y a également l’allocation d’une dotation pour les familles nécessiteuses et les citoyens âgés de plus de 65 ans. Toutefois, force est de constater que l’Etat est confronté à des contraintes de taille qui peuvent impacter la réalisation de ces objectifs.
Le renchérissement des prix des matières premières, du fait de la pandémie, pourrait avoir un impact sur le coût de la vie. Déjà, des voix s’élèvent pour demander de nouvelles mesures de soutien au profit des consommateurs, notamment un allégement fiscal. A titre d’exemple, certains produits très consommés comme les hydrocarbures sont fortement taxés. La TIC et la TVA représentent en moyenne 34% pour le prix du gasoil et 43% pour l’essence.
Le renchérissement des prix des produits les plus utilisés au Maroc est dû en grande partie à la hausse des prix pétroliers qui grèvent les coûts du transport et autres charges annexes. Dernièrement, plusieurs associations de protection des consommateurs sont montées au créneau, appelant le nouveau gouvernement à davantage d’effort pour revoir à la baisse l’imposition des citoyens.
«Comparativement à d’autres pays de la région, le citoyen marocain demeure très taxé. Outre les impôts sur le revenu, ceux sur la consommation grèvent sensiblement son pouvoir d’achat. Ce phénomène commence à prendre de l’ampleur ces derniers temps. Le gouvernement doit prendre de nouvelles dispositions pour atténuer cette pression», souligne Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC).
«Le modèle de croissance marocain est basé sur la demande intérieure, composée essentiellement de dépenses de consommation. La majeure partie de ces dépenses se fait par la classe moyenne. Ce modèle a montré des signes d’essoufflement. Pourvu que le nouveau modèle de développement prenne en considération cet élément», ajoute Kherrati. En effet, l’essor qu’a connu l’économie marocaine depuis le début des années 2000 n’a pas profité équitablement à tous les citoyens. Les inégalités sociales se sont accentuées et la classe moyenne est le principal contributeur à la croissance du pays. Mais, en contrepartie, elle demeure pénalisée sur le plan fiscal.
«Dans la conjoncture actuelle, le gouvernement ne dispose pas d’une marge de manœuvre confortable pour décider des baisses d’impôts au profit des citoyens, tout au moins au cours des premières années de son mandat. D’autres acteurs, dont les entreprises, sollicitent un tel avantage au moment où l’État devra honorer de nombreux engagements budgétivores. Il est difficile dans ces conditions d’assurer un équilibre des finances publiques», indique Youssef Oubouali, professeur de droit fiscal.
«Si une réduction d’impôt devait s’opérer, elle toucherait essentiellement l’imposition directe. L’option de la taxation indirecte serait maintenue et le pouvoir d’achat des Marocains serait toujours impacté. De nombreux produits consommés sont imposés au taux TVA de 20%, qui assure à l’Etat 80% des recettes de cet impôt», explique Oubouali.
Face à ce constat, la classe moyenne est la plus affectée par la hausse du coût de la vie. Pour lui venir en aide, il serait judicieux de proposer de nouvelles alternatives qui peuvent alléger ses dépenses, comme la déductibilité de certaines charges (frais de scolarité des enfants) ou appliquer l’exonération des plus-values réalisées lors de la cession de certaines immobilisations.