Parc hôtelier : le Maroc appuie sur l’accélérateur

Parc hôtelier : le Maroc appuie sur l’accélérateur

À travers des programmes comme Cap Hospitality, une stratégie ambitieuse est mise en œuvre pour rénover et développer le parc hôtelier. L’expansion des infrastructures d’hébergement et l’intégration de solutions alternatives comme Airbnb ou les maisons d’hôtes permettent d’offrir une offre plus diversifiée et plus adaptée aux attentes des visiteurs.

Le Maroc met les bouchées doubles pour accueillir deux événements sportifs majeurs: la Coupe d’Afrique des nations 2025 et la Coupe du monde 2030, co-organisée avec l’Espagne et le Portugal. Ces compétitions d’envergure représentent pour le Royaume une opportunité unique de briller sur la scène mondiale, mais également un défi de taille : celui d’augmenter ses capacités d’hébergement touristique. Pour répondre à l’afflux massif de visiteurs attendus, un plan ambitieux est en cours, alliant création de nouveaux hôtels et réhabilitation des structures existantes.

L’objectif est clair : garantir une offre d’hébergement moderne, de qualité et en quantité suffisante pour satisfaire les besoins de millions de supporters. Dans le cadre de la feuille de route touristique 2023-2026, le gouvernement a initié une vaste opération pour moderniser son parc hôtelier. Au cœur de cette initiative, figure le programme «Cap Hospitality», visant à offrir un soutien financier et stratégique aux établissements hôteliers pour leur mise à niveau.

Cette opération a été concrétisée par une convention signée entre plusieurs acteurs publics, dont le ministère du Tourisme, le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement et la Société marocaine de l’ingénierie touristique (SMIT). L’objectif est de rénover 25.000 chambres d’hôtels à travers le pays, afin d’améliorer la qualité de l’hébergement, notamment dans les villes hôtes de ces événements sportifs majeurs. Le programme prévoit des prêts avantageux, dans le cadre desquels l’État prend en charge l’intégralité des intérêts. Les investissements, allant de 3 à 100 millions de dirhams, couvriront divers aspects de la rénovation : des travaux de mise aux normes, l’acquisition de mobilier moderne, ainsi que des initiatives d’amélioration de l’efficacité énergétique.

«Le Maroc a démontré une ambition claire en lançant plusieurs initiatives et programmes d’accompagnement des professionnels, tels que Cap Hospitality ou encore Go Siyaha. Ces programmes visent à renforcer les capacités d’accueil touristiques. Depuis l’annonce par Sa Majesté au peuple marocain, le 4 octobre 2023, de la décision du Conseil de la FIFA de retenir à l’unanimité le dossier MarocEspagne-Portugal comme candidature unique, une mobilisation exceptionnelle s’est enclenchée pour préparer un dossier de candidature répondant aux exigences et prérequis du cahier des charges de la FIFA. Forcément, les professionnels du tourisme et l’administration de tutelle se sont engagés dans cette dynamique», souligne Said Tahiri, économiste et expert en tourisme. Le parc hôtelier marocain compte un nombre non négligeable d’établissements délabrés ou carrément fermés, ce qui nuit à l’attractivité de certaines destinations.

Pour remédier à cette situation, le programme Cap Hospitality vise spécifiquement ces structures, en leur offrant une opportunité de rénovation grâce à des financements publics. Les hôtels n’ayant pas été rénovés ces cinq dernières années sont donc éligibles pour bénéficier de cette initiative, qui leur permettra de se mettre aux normes et d’améliorer leur attractivité. «Les efforts pour la construction de nouveaux hôtels et la réhabilitation d’établissements existants sont encourageants, mais il reste des défis à relever. D’abord, des défis quantitatifs, car bien que les projets soient ambitieux, leur mise en œuvre doit être accélérée pour répondre à l’afflux massif attendu. Cela nécessite des partenariats public-privé efficaces et un suivi rigoureux des projets en cours.

Mais également des défis qualitatifs, puisqu’il est tout aussi important d’assurer une montée en gamme des services, étant donné que ces événements attireront un public international exigeant. Les bases sont donc posées, mais leur succès dépendra de l’exécution rapide et efficace des projets en cours», estime l’expert en tourisme. Pour rappel, le Maroc entend faire croître sa capacité hôtelière de manière significative, avec pour objectif de passer à 500.000 lits à l’horizon 2030, contre 300.000 lits actuellement. Cette expansion se traduira par la construction de nouveaux hôtels, répartis sur l’ensemble du territoire, en particulier dans les grandes villes et les zones touristiques stratégiques.

Le logement alternatif, une réponse complémentaire

Outre la construction de nouveaux hôtels, le Maroc pourra également compter sur des solutions alternatives pour répondre à une demande croissante. Les plateformes de location comme Airbnb, ainsi que les maisons d’hôtes et les autres structures d’hébergement de type familial, viennent compléter l’offre hôtelière traditionnelle. Mais quelles mesures réglementaires ou incitatives pourraient être envisagées pour intégrer ces solutions dans l’écosystème touristique, tout en garantissant la qualité et la sécurité ?

Pour Saïd Tahiri, «il est possible de voir en ce type de logement une opportunité stratégique pour absorber le surplus de la demande, mais cela suppose qu’il faut les intégrer pleinement dans l’écosystème touristique». Et de poursuivre : «D’abord, à travers des mesures réglementaires visant à enregistrer les hôtes sur une plateforme nationale pour garantir la transparence, mais aussi pour mettre en place une taxation équitable pour ces plateformes et exiger des normes de qualité et de sécurité minimales. D’un autre côté, il est nécessaire de mettre en place des incitations pour encourager les hôtes à s’inscrire dans des programmes de labellisation afin de garantir un standard élevé. Il est également important de diversifier l’offre géographique en intégrant des hôtes dans des zones moins touristiques, tout en préservant la réputation du Maroc en tant que destination sûre et qualitative», conclut-il.

 

 

 

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