Ahmed Rahhou, président du Conseil de la concurrence, annonce que les médias seront invités à prendre part aux formations dédiées aux opérateurs économiques.
Un lexique en français et en arabe est en cours d’élaboration et des monographies sectorielles et un guide seront publiés très prochainement.
Par A. Diouf
Mardi 7 février 2022, Rabat a abrité la 2ème rencontre annuelle du Conseil de la concurrence avec les médias. Cette année, l’évènement était inscrit dans le cadre du jumelage institutionnel Maroc-Union, signé en décembre 2021 entre le Conseil de la concurrence et ses homologues de la Grèce, d’Italie et de la Pologne. Ce qui a permis au Conseil d’inviter ses pairs de la Pologne et de la CNUCED à venir partager avec les représentants des médias locaux leurs expériences respectives de coopération avec les médias en matière de promotion de l’application du droit à la concurrence. C’est à ce titre que les représentants des médias ont appris que l’Office de la protection de la concurrence et des consommateurs polonais (UOKIK) est, en effet, un exemple inspirant.
La presse, un relais de promotion, d’alerte et de compréhension
Créé en 1990, l’UOKIK dispose de plusieurs outils de communication, coopère avec des agences d’information et des lanceurs d’alertes actifs dans les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twiter, etc.) et est à l’origine de la directive européenne en cours de préparation sur la rémunération des lanceurs d’alertes. Tout en rappelant l’importance du rôle des médias en tant que relais de compréhension par les opérateurs économiques et l’opinion publique en général des affaires suivies par l’UOKIK, les deux expertes polonaises, qui ont fait le déplacement pour présenter leur office, ont rappelé deux affaires qui ont consacré la réputation de l’UOKIK. Notamment l’affaire Allegro et l’affaire Zaiks et SFP.
Dans la première affaire, par exemple, il a été prouvé que la plateforme de e-commerce Allegro, le grand rival local d'Amazon qui prépare actuellement une introduction historique en Bourse pour le mois prochain, usait d’un abus de position dominante par rapport à de petits revendeurs. S’agissant de la CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement), l’assistance a appris que c’est l’institution onusienne qui a accompagné le Conseil de la concurrence dans la formation des magistrats et aidé les offices grec et italien à traiter certains cas de jurisprudence, dont un en cours qui rappelle ce qui se pose également au Maroc. C’est notamment celui de savoir comment changer la législation sur les taxis et les pharmacies afin que plus d’«ayants droit» puissent en bénéficier. Bref, dans tous ces cas, il a été mentionné l’important rôle des médias et qu’avec une formation sur le droit de la concurrence et une bonne connaissance du cadre juridique, la presse pourra participer plus activement à la dynamisation du marché de la concurrence. Plusieurs outils de promotion en gestation Ahmed Rahhou, président du Conseil de la concurrence, a fait plusieurs annonces lors de cette rencontre.
Les médias seront ainsi invités à prendre part aux formations en cours dédiées aux opérateurs économiques. Des formations visant à rassurer les entreprises sur les opérations de concentration (fusions, acquisitions de sociétés, etc.), où les pénalités ont été revues à la baisse. «Sur 150 cas examinés, 40 cas ont été déjà régularisés pour un montant de 40 millions de dirhams (MDH)», est-il signalé. Ensuite, Rahhou a déclaré que des monographies sectorielles seront très prochainement publiées et que son équipe est en train de travailler avec le ministère de la Justice pour sortir un lexique du droit de la concurrence en français et en arabe. Enfin, «nous sommes en train de monter un jury pour lancer la première édition des Prix du droit à la concurrence, qui vont consacrer les meilleures recherches en droit, économie et gestion en lien avec la concurrence», révèle Rahhou, qui rêve de créer un écosystème dans le droit à la concurrence.