Marché du travail : «Il va falloir réorienter les profils vers les formations se rapportant aux métiers d’avenir»

Marché du travail : «Il va falloir réorienter les profils vers les formations se rapportant aux métiers d’avenir»

Renforcer l’adéquation entre la formation et le marché de l’emploi est un défi que devrait relever le Royaume afin de résorber les différentes difficultés que traversent les jeunes NEET. Entretien avec Youssef Guerraoui Filali, président du Centre marocain pour la gouvernance et le management.

 

Propos recueillis par M. Boukhari

Finances News Hebdo : Dans un récent avis du Conseil économique, social et environnemental intitulé «Les jeunes NEET : Quelles perspectives d'inclusion socioéconomique?», le nombre de jeunes NEET (ni à l’emploi, ni en éducation, ni en formation) est estimé à environ 1,5 million de personnes en 2022. Selon vous, en quoi l’amélioration de l'employabilité et de l'esprit entrepreneurial peut-elle transformer le potentiel des NEET en capital humain productif ?

Youssef Guerraoui Filali : Le chômage des jeunes prend de l’ampleur au Maroc, et les chiffres sont devenus très alarmants. Plusieurs raisons ont conduit à cette situation  : je cite, entre autres, l’inadéquation formationemploi, l’exode rural, l’absence de programmes d’accompagnement pour les non-scolarisés, la pénurie des postes d’emplois et des profils pointus. Par conséquent, si l’on dispose de 1,5 millions de personnes en situation de NEET, cela signifie que nous disposons au Maroc d’un potentiel de jeunes très important. La jeunesse marocaine mérite plus d’attention et d’opportunités pour son intégration dans la société marocaine. De ce fait, il va falloir réorienter les profils vers les formations se rapportant aux métiers d’avenir, et en tenant en considération les besoins actuels du marché de travail. Par la suite, il s’agira de réorienter les jeunes non scolarisés vers le secteur de la formation professionnelle à travers des programmes d’accompagnement de bout en bout, de l’apprentissage à l’insertion professionnelle. Eventuellement, accompagner les porteurs de projets pour le lancement en entrepreneuriat à travers des projets d’incubation et en leur facilitant l’accès au financement.

 

F.N.H. : Quelles stratégies recommanderiez-vous pour améliorer la qualité des programmes d'insertion des jeunes NEET ?

Y. G. F. : Malgré la multitude de programmes lancés au Maroc autour de l’emploi et l’insertion des jeunes, le constat est aujourd’hui catastrophique. Soit un taux de chômage avoisinant 40% dans la catégorie des jeunes, et 4,5 millions de personnes en situation de NEET pour les âgés jusqu’à 35 ans. Ceci confirme l’inefficacité des programmes lancés par le passé. D’où la nécessité de rompre avec l’approche actuelle basée sur le lancement des initiatives sans évaluations préalables et postérieured de l’efficacité des actions entreprises. Cependant, les programmes d’insertion des jeunes au Maroc manquent d’efficacité. Chaque programme doit être caractérisé par une étude d’impact et un suivi rigoureux des réalisations. Un bilan d’étapes doit être mis en œuvre pour chaque programme, en vue d’en évaluer sa pertinence et afin de mener les actions correctives nécessaires au bon moment. Il faut cibler cette population dite «NEET», en l’intégrant dans des études et formations adéquates avec le marché de travail via des partenariats publics-privés ou des contrats-programmes d’insertion pour s’assurer de leur intégration dans le marché de travail. 

 

 

 

 

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