Ludovic Subran, Chef économiste d’Allianz
Le Maroc devrait croître à un rythme modéré de 2% en 2020
Selon Subran, après une année décevante en 2019 en raison des sous-performances du secteur agricole, l’économie marocaine va continuer à faire face à des difficultés en 2020 qui seront essentiellement liées à des facteurs extérieurs.
Allianz Maroc a organisé une rencontre presse à l’occasion de la visite de Ludovic Subran, Economiste en Chef du Groupe Allianz au Maroc en vue d’échanger autour des défis de développement du pays et de dresser un panorama de la situation économique du Royaume.
Selon Subran, après une année décevante en 2019 en raison des sous-performances du secteur agricole, l’économie marocaine va continuer à faire face à des difficultés en 2020 qui seront essentiellement liées à des facteurs extérieurs.
Face aux difficultés de ses principaux partenaires économiques (la croissance de la zone euro est attendue à 0.9% en 2020, celle de la France à 1% et celle de l’Allemagne à 0.5%), le Maroc va devoir compter sur ses propres forces pour atteindre également un rythme modéré de croissance en 2020 de 2% en comparaison à 2,4% en 2019, estime l’économiste (sur la base de la même campagne céréalière qu’en 2019 ndlr).
Sur le plan budgétaire, le gouvernement devrait donner la priorité aux dépenses liées à l’éducation (+72.4 milliards de Dirhams), à la santé (+18.6 milliards), aux infrastructures et au soutien du pouvoir d’achat des ménages (+6 milliards d’augmentation pour les salaires du public et +26 milliards d’aides aux catégories sociales défavorisées).
Le déficit public devrait se maintenir aux alentours de 3.5% du PIB en 2020. Ces orientations budgétaires plus inclusives, couplées à un environnement économique où l’inflation va rester à un niveau faible (1.1% pour l’indice des prix à la consommation), vont soutenir la consommation des ménages, qui va être résiliente à 2.1% en 2020.
Poursuite du train de réformes
«Les récentes orientations budgétaires de l’Etat, au-delà du soutien de la demande à court-terme, vont contribuer à pérenniser les réformes structurelles sur le long-terme», selon Ludovic Subran.
Cette politique de soutien à la demande orientée sur le court terme, va être accompagnée par des mesures ayant pour objectif le long-terme, avec de nouveaux programmes ambitieux d’infrastructure et la poursuite des réformes structurelles. Ces dernières prennent la forme d’incitations à la déclaration des actifs détenus au niveau domestique et étranger dans un souci constant d’élargir l’assiette fiscale.
Elles concernent aussi des initiatives pour faciliter le commerce transfrontalier à l’aide de systèmes de paiement électronique, la facilitation des procédures pour obtenir des permis de construction, la généralisation de l’accès à l’électricité, le renforcement de la protection des actionnaires minoritaires, le renforcement des procédures permettant l’exécution des contrats.
Le Maroc a ainsi progressé de 7 places entre 2018 et 2019 au sein du classement Doing Business de la Banque Mondiale pour atteindre la 53e position mondiale.
L’accès au crédit reste un des éléments faibles de ce classement. Néanmoins, le Maroc bénéficie d’un bon niveau de crédibilité du point de vue de l’orientation de sa politique monétaire.
Une politique monétaire saluée
L’élargissement des bandes de fluctuation du Dirham Marocain à partir de janvier 2018 a été un succès dans le sens où cette monnaie a été stable depuis le changement du régime de change malgré un contexte international de haute incertitude.
Un contexte d’inflation basse a donné l’occasion à Bank al-Maghrib d’assouplir sa politique monétaire en Février 2020, non pas à travers une baisse du taux directeur, mais via une initiative coordonnée entre le gouvernement, les banques et Bank-al-Maghrib. Ce Programme Intégré d’Appui et de Financement
des Entreprises prévoit un refinancement préférentiel à 1.25% (contre 2.25% pour le taux officiel directeur) pour les banques participant à ce programme (sur la base de 6 milliards de DH disponibles sur trois ans), c’est-à-dire s’engageant à ne pas dépasser un seuil de 2% dans les prêts qu’elles accordent aux petites et moyennes entreprises ou un seuil de 1.75% pour des prêts accordés au monde rural.
«La politique monétaire marocaine, via des actions ciblées sur les petits acteurs économiques, va se montrer plus inclusive sur le plan intérieur, sans sacrifier les enjeux liés à sa crédibilité sur le plan extérieur», conclut Ludovic Subran.