La France à l’heure du choix économique

La France à l’heure du choix économique

 

Les urnes ont parlé. Pour le premier tour de l’élection présidentielle française, Emmanuel Macron a remporté 27,84% des voix, Marine Le Pen 23,15%, Jean-Luc Mélenchon 21,95%, Eric Zemmour 7,07%, et Valérie Pécresse 4,78%. A présent, les deux candidats toujours en liste, Macron et Le Pen, se préparent au second tour de l’élection. Les programmes économiques des deux candidats divergent sur les réponses apportées aux enjeux économiques du pays, mais ils se rejoignent en évoquant les mêmes enjeux. Car, en effet, quel que soit le candidat élu pour le prochain quinquennat, l’économie française fera face aux mêmes défis, qui découlent en réalité de sa situation structurelle.

D’abord, la France est un pays qui vieillit, même si elle le fait moins rapidement que les autres pays européens en raison d’un taux de fécondité plus important. En effet, la France compte près de 20% de sa population dans la tranche d’âge supérieure à 65 ans. D’autres pays sont certes plus vieux : le Japon avec 27%, l’Italie avec 23%, et la Grèce puis l’Allemagne avec 22%, mais le taux de personnes âgées en France la place tout de même comme le 10ème pays le plus vieux au monde. Ce qui ralentit le vieillissement de la France, c’est le taux de fécondité le plus important en Europe de 1,9 enfant par femme, alors que la moyenne de l’Union européenne et l’Allemagne est à 1,6. Certes, la France vieillit moins vite que les autres pays européens, mais elle vieillit tout de même. Cela ramène le débat à l’inévitable question de la retraite : quel âge ? Pour quel coût de financement ?

Emmanuel Macron avait annoncé un passage de la retraite de 62 ans à 65 ans. Cela serait progressif et s’étalerait jusqu’en 2034. Ainsi, la première génération qui partirait à la retraite à 65 ans serait celle qui est née en 1969. Il a par la suite assoupli sa position lors de la campagne, en annonçant que cela pourrait être renégocié pour arriver éventuellement à un âge de départ de 64 ans.

De son côté, alors que Marine Le Pen annonçait il y a quelque temps un retour de l’âge de la retraite à 60 ans, elle a fini par s’engager dans son programme final, pour un maintien de l’âge de la retraite à son niveau actuel : 62 ans. Le second enjeu majeur auquel fera face la France et qui intéresse au plus haut point les Français, est celui de la fiscalité. Pourquoi ? Parce que la France est une championne mondiale de la pression fiscale. Les recettes fiscales et les cotisations sociales représentent en France 46% du PIB, classant le pays en tête de l’Union européenne, et en tête des pays de l’OCDE. L’Union européenne est à 40,2%, l’Allemagne est à 40,5%, l’OCDE à 34%, et les Etats-Unis à 27%.

Non seulement la pression fiscale est importante aussi bien sur les ménages que les entreprises, mais en plus, elle n’est pas près de baisser, car les finances publiques sont considérablement endettées. Avec une dette publique qui représente 116% du PIB en 2021, la France se classe en 7ème position sur les 23 économies les plus avancées au monde. A titre de comparaison, la zone Euro est à 98%, et l’Allemagne à 70%. La France ne pourra donc pas baisser sa pression fiscale pour maintenir la trajectoire de consolidation de sa dette. Voilà pourquoi les questions sur la fiscalité constituent un enjeu important dans les programmes économiques des deux candidats.

Les deux candidats se rejoignent en promettant naturellement aux Français une baisse de la fiscalité – difficile d’être élu autrement ! Mais les moyens pour y parvenir divergent. Chez Emmanuel Macron, on promet le relèvement du plafond d’exonération lors des successions, la suppression de la taxe audiovisuelle payée par les propriétaires de téléviseurs, et une baisse des impôts à la production pour améliorer la compétitivité des entreprises. Chez Marine Le Pen, on promet une suppression inconditionnelle de l’impôt sur les revenus pour les jeunes de moins de 30 ans. Elle souhaite privatiser le pôle audiovisuel public. Enfin, alors que Macron avait supprimé l’impôt sur la fortune établi par son prédécesseur François Hollande, pour le transformer en impôt sur la fortune immobilière, Marine Le Pen souhaite si elle est élue, le transformer en Impôt sur la fortune financière.

Dans un contexte marqué par l’inflation, qui culmine à 7,5% en zone Euro et à 5,1% en France, le pouvoir d’achat s’est imposé comme la préoccupation majeure des Français lors de cette campagne. Marine Le Pen promet d’augmenter le pouvoir d’achat des Français de 200 euros par mois. Comment ? En baissant la TVA sur 100 produits d’hygiène et alimentaire de 5,5% à 0%, en baissant la TVA sur l’énergie (gaz, fioul, électricité, carburant) de 20% à 5,5%, en renationalisant les autoroutes ce qui baisserait les prix des péages de -15% selon la candidate, et en baissant les cotisations sociales payées par les patrons d’entreprise pour qu’ils puissent augmenter les salaires de leurs employés. Emmanuel Macron promet, quant à lui, de tripler le montant de la prime annuelle que les employeurs peuvent verser à leurs salariés sans charge ni impôts, et de déployer des mécanismes nouveaux d’intéressement des salariés au profit des entreprises.

La politique énergétique est enfin le dernier clivage économique majeur entre les deux candidats. Macron promeut un mix entre le nucléaire et le renouvelable, Le Pen porte un intérêt particulièrement pour le nucléaire. En réalité, Macron était réticent face au nucléaire en début de mandat, mais il a changé de posture car seul le nucléaire peut permettre à la France d’atteindre la neutralité carbonne à horizon 2050. Il s’engage du coup à construire 6 nouveaux réacteurs de troisième génération (EPR) et à maintenir en fonction au-delà de 50 ans toutes les installations qui peuvent l’être.

Du côté du renouvelable, il promet de multiplier par 10 le photovoltaïque et de construire une cinquantaine de parcs éoliens. Pour Le Pen, seul le nucléaire peut répondre aux besoins énergétiques français : elle promet de lancer la construction de 10 nouveaux réacteurs. Sur le renouvelable, elle s’oppose à l’éolien et propose un moratoire sur les subventions pour les éoliennes, et le démantèlement du parc existant. Elle affirme par ailleurs dans son programme porter un intérêt pour le développement des filières hydrogène et hydroélectrique.
Quel programme pour la France sur les cinq années à venir ? Réponse le dimanche 24 avril à 20 heures précises.

 

 

Par Omar Fassal

 

 

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