La Banque africaine de développement dresse un bilan qualitatif et quantitatif de son action au Maroc.
Elle va désormais davantage focaliser son action sur les questions sociales.
Par A.E
La Banque africaine de développement (BAD) et le Maroc sont liés par un partenariat solide qui ne fait que se renforcer au fil du temps, au point que le Royaume est devenu le premier client de la banque : le portefeuille actif de la banque au Maroc est actuellement composé de 35 opérations pour un montant total de 3 milliards de dollars d’engagement, répartis dans les secteurs de l’énergie (31,5%), des transports (19,8%), de l’eau et de l’assainissement (15,5%), des opérations multisectorielles et de développement social (12,7%), du secteur privé (11,2%) et de l’agriculture (9,4%).
Depuis le début du partenariat entre la BAD et le Maroc il y a plus de 50 ans, ce sont 170 projets qui ont été financés, totalisant un engagement financier de plus de 10 milliards de dollars, en particulier dans les secteurs des infrastructures, de la gouvernance économique et financière et dans celui du développement agricole.
Depuis 2017, l’action de la BAD au Maroc est guidée par une stratégie qui arrive à échéance en 2021, appelée «Document stratégique pays» (DSP), dans le jargon des banques de développement.
Récemment à Rabat, la représente de la BAD au Maroc, Leïla Farah Mokaddem, a présenté à la presse une revue bilan à mi-parcours du DSP. Ce dernier, faut-il le rappeler, s’articule autour de deux piliers : d’une part, le soutien à l’industrialisation à travers l’appui aux PME, à la compétitivité et à la croissance verte et, d’autre part, l’amélioration des conditions de vie des populations, surtout les jeunes et les femmes.
Globalement, la BAD se félicite des progrès enregistrés par le Maroc durant ces dernières décennies, notamment dans les domaines de la gouvernance, de l’amélioration du climat des affaires et de l’égalité des genres.
De plus, le Royaume «a su renforcer son attractivité avec un réseau d’infrastructures de classe mondiale ayant transformé son économie», estime Mokaddem.
La responsable cite en exemple l’aéroport de Marrakech, qui a bénéficié d’un financement de 240 MDH de la BAD, et dont la capacité d’accueil a été multipliée par 3 pour passer à 9 millions de passagers. Ce projet d’envergure a eu un impact significatif, nous dit-on, sur l’activité commerciale, le tourisme bien sûr, mais aussi l’emploi.
Autre motif de satisfaction de la BAD : la performance dans l’exécution des projets. «Le Maroc se distingue par rapport aux pays similaires. Les ressources financières sont bien utilisées», a fait savoir Leïla Farah Mokaddem.
«Les capacités des agences marocaines d’exécution des projets ne cessent de s’améliorer», a-t-elle affirmé.
Des résultats significatifs ont ainsi été enregistrés en matière d’accès à l’électricité, de connectivité, d’énergies renouvelables ou de mise en place d’un réseau de transports de dernière génération. En outre, la banque salue les progrès réalisés par le Maroc dans la gouvernance, ou encore le climat des affaires.
Entre 2009 et 2018, l’action de la BAD au Maroc aura contribué à améliorer une série d’indicateurs. Ainsi, 16 millions de personnes ont eu un meilleur accès aux infrastructures de transport et 6,9 millions de personnes ont bénéficié d’une nouvelle connexion électrique, a révélé Rudolphe Petras, spécialiste principal des résultats à la BAD.
De même, près de 8,5 millions de personnes, dont 4,5 millions de femmes, ont eu accès à de meilleurs services de santé, tandis que 3,5 millions de personnes, dont plus de la moitié de femmes, ont bénéficié d’un accès amélioré à l’eau potable et à l’assainissement.
Réorientation vers le social
La revue à mi-parcours de la stratégie de la banque au Maroc a permis, en symbiose avec les priorités actuelles du gouvernement, de déboucher sur une réorientation des axes d’intervention de la BAD.
D’après Leïla Farah Mokaddem, il s’agit désormais de focaliser son intervention sur le social, l’emploi, la formation professionnelle, l’entrepreneuriat et la régionalisation avancée. De l’aveu de la responsable, l’impact des investissements consentis dans ces domaines est resté en deçà des attentes. Il est vrai que les besoins du Royaume en la matière sont énormes.
L’action de la BAD durant la deuxième phase du plan stratégique sera du coup davantage axée sur le développement local intégré, le renforcement des capacités, ou encore sur l’identification des niches de développement au sein de chaque territoire. L’inclusion financière sera également au cœur de l’action de la BAD. ◆
Encadré : Un portefeuille «performant»
La revue examine également l’efficacité de la gestion des opérations de la BAD au Maroc et décrit les progrès de la performance du portefeuille. Ainsi, sur une échelle de 1 à 4, la performance du portefeuille de la Banque au Maroc est «très satisfaisante», ayant évolué de 2,6 en 2009 pour atteindre 3,7 en 2018 et ce, en l’absence de projets à risque, a indiqué Rudolphe Petras, qui présentait la Revue. Le taux de décaissement a, quant à lui, évolué de 36% en 2009 pour se positionner à 64% en 2018, alors que le montant des approbations annuelles s’est accru, passant de 607 millions d’euros en 2009 à 733 millions d’euros en 2018.