Les dépenses mondiales consacrées aux réseaux électriques devraient franchir pour la première fois la barre des 470 milliards de dollars en 2025, selon de nouvelles analyses publiées par BloombergNEF (BNEF) dans son rapport Grid Investment Outlook 2025.
Il s’agit de la deuxième année consécutive de croissance à deux chiffres, avec une hausse de 16 % après une progression de 15 % en 2024.
Cette accélération confirme que les investissements dans les réseaux sont devenus un pilier structurel de la transition énergétique mondiale, portée par l’essor des renouvelables, les objectifs d’électrification et l’explosion de la demande des centres de données.
Inflation, coûts des équipements et goulots d’étranglement
BNEF souligne cependant que la montée des dépenses ne reflète pas uniquement l’ajout de nouveaux projets. L’augmentation continue des coûts des équipements et un contexte inflationniste persistant gonflent également les budgets, sans pour autant résoudre les goulets d’étranglement qui paralysent les infrastructures de transport et de distribution.
Même avec davantage de financement, les retards de raccordement des capacités de production et des nouveaux consommateurs semblent appelés à se prolonger dans les prochaines années.
Les États-Unis en tête, suivis de la Chine et de l’Europe
Les États-Unis domineront les investissements en 2025, avec 115 milliards de dollars, soit un quart du total mondial. La Chine et l’Union européenne/Royaume-Uni suivent, chacune représentant environ 20 % de l’effort global.
Malgré des réformes engagées dans plusieurs pays pour réduire l’encombrement des files d’attente de raccordement, celles-ci restent « hors normes » dans la majorité des marchés. Et un phénomène nouveau s’installe : les files d’attente côté demande explosent, avec une ruée de centres de données et d’industries électro-intensives cherchant à se connecter au réseau.

Transmission : une croissance deux fois plus rapide que la distribution
Entre 2024 et 2027, les investissements dans la transmission devraient afficher un taux de croissance annuel moyen de 16 %, soit presque le double de celui de la distribution (9 %). Même si la distribution reste aujourd’hui majoritaire dans les dépenses, la tendance pourrait s’inverser avant la fin de la décennie.
Cette dynamique s’explique par des projets ciblés : lignes longue distance, nouvelles stations et postes, projets en courant continu haute tension (HVDC).
Avertissement de BloombergNEF
« L’expansion des réseaux est un défi complexe et déterminant pour la réussite de la transition énergétique mondiale », avertit Peter Wall, responsable de la recherche Grids chez BNEF. Selon lui, même avec des budgets en forte hausse, les retards dans les raccordements – tant pour la production que pour la consommation – montrent que « les besoins réels du système risquent de dépasser les capacités actuelles d’extension des réseaux ».
Wall note également que la demande tirée par les data centers et par l’industrialisation électrifiée arrive après « plus d’une décennie de stagnation mondiale » des investissements réseaux, ce qui accentue la pression.
Les goulots d’étranglement ne sont pas uniquement financiers. BNEF observe des contraintes persistantes sur les chaînes d’approvisionnement, une pénurie de main-d’œuvre spécialisée, ainsi que des retards liés aux procédures de permis et de licences. Plusieurs opérateurs de transport et de distribution se disent incapables de respecter leurs objectifs à cause de ces délais, compromettant l’amélioration rapide des réseaux.