Les IDE connaissent une évolution fluctuante. En concurrence avec d’autres pays, le Royaume doit miser sur ses atouts pour attirer une nouvelle génération d’investisseurs.
Par C. Jaidani
Les investissements directs étrangers (IDE) au Maroc affichent bonne mine. Au terme des huit premiers mois de l’année, ils dépassent 13,06 milliards de DH, soit un bond de près de 47% par rapport à la même période de l’année dernière. Alors qu’en 2023, ils avaient connu une chute de 51,7%. Différents facteurs ont contribué à cette performance, dont notamment une conjoncture internationale favorable et une économie nationale qui a fait preuve de résilience face aux différents aléas.
Dans son dernier rapport sur le Maroc, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a mis en exergue les efforts déployés par le Royaume pour améliorer le climat des affaires et l’encouragement de l’entrepreneuriat, surtout des petites entreprises. Elle a salué les réformes majeures lancées pour soutenir la concurrence, la généralisation de l’AMO et la protection sociale. Toutefois, elle note qu’en dépit de ces avancées, la productivité reste faible, due à la prédominance de l’informel et du sous-emploi. Le marché regorge d’emplois de mauvaise qualité et de compétences insuffisantes, particulièrement les profils de pointe. L’investissement privé est faible, nécessitant des stimulants pour le rendre dynamique.
«Le Maroc tire parti de son économie ouverte, des échanges et des investissements directs étrangers (IDE). Il est étroitement intégré dans les chaînes de valeur mondiales, en particulier celles dont font partie les pays de l’Union européenne (UE). Le Royaume est en train de transformer avec succès son économie, passant d’une économie dont les exportations étaient essentiellement constituées de matières premières dans les années 1980 et 1990, à une économie exportatrice de produits à plus haute valeur ajoutée, notamment dans les secteurs de l’électronique, de l’automobile, de l’aéronautique et des engrais», explique l’OCDE.
Pour Mohamed Amrani, professeur universitaire d’économie, «l’évolution des IDE au Maroc est fluctuante. Elle connait des périodes de ralentissement ou de recul, et aussi des années de croissance. Depuis des années, le Royaume est devenu une destination privilégiée des investisseurs, notamment dans les secteurs les plus porteurs qui bénéficient de mesures de soutien et d’encadrement de l’Etat, comme le tourisme, l’automobile, l’aéronautique et l’immobilier. L’attrait du Royaume pour les IDE devrait se consolider dans les années à venir, et ce pour différentes raisons, dont la position géographique du Royaume au carrefour des lignes maritimes mondiales. La proximité avec l’Europe et l’ancrage africain sont un autre atout de taille. Il faut y ajouter la stabilité économique, politique et sociale. Les IDE jouent un rôle capital dans l’intégration dans l’économie mondiale et contribuent dans la croissance et le développement économique».
Il poursuit qu’«en dépit de tous ses atouts, le Maroc se trouve en forte concurrence avec d’autres pays pour séduire les investisseurs, qui ont besoin de confiance et de visibilité. C’est pour cette raison qu’il doit accélérer les réformes, améliorer davantage le climat des affaires et la bonne gouvernance. Pour attirer la nouvelle génération d’opérateurs et diversifier les débouchés, il faut miser sur l’innovation et inciter les entreprises à adopter les technologies numériques». Et Amrani de préconiser de «veiller aux équilibres macroéconomiques, renforcer des leviers pour maîtriser l’inflation et préparer un régime de change plus flexible».