Industrie agroalimentaire: grosse tension sur les marges des entreprises

Industrie agroalimentaire: grosse tension sur les marges des entreprises

Devant l’impossibilité de répercuter le niveau total de la hausse des prix des intrants sur les clients finaux, les entreprises du secteur voient leurs marges bénéficiaires se réduire.

La tonne d'aluminium, un métal très utilisé par l’agroalimentaire, a atteint la semaine dernière 3.333 dollars sur le marché londonien des métaux de base.

 

Par M. Diao

Le  secteur de l’agroalimentaire constitue l’une des principales forces motrices de l’économie nationale. Les chiffres relayés par le Centre marocain de conjoncture (CMC) en novembre 2021 confortent amplement cette donne. En effet, la branche, qui s’accapare 22% des emplois formels et 25% de la production industrielle, est pourvoyeuse de 15% de l’export de produits transformés pour une production totale de plus de 102 Mds de DH. Ces quelques données constituent un prétexte pour s’intéresser à l’impact de la hausse des prix intrants sur la compétitivité d’une industrie dont les entreprises représentent 27% du stock des sociétés industrielles que compte le Royaume.

Outre la flambée des cours des combustibles fossiles  (pétrole, gaz naturel, charbon, fioul), constatée depuis un certain temps, la tonne d'aluminium (métal très utilisé par l’agroalimentaire) a atteint la semaine dernière 3.333 dollars sur le marché londonien des métaux de base. Ce qui constitue un sommet depuis 14 ans et proche du record historique de juillet 2008 (3.380 dollars la tonne). «Il faut savoir que les intrants sont importés en partie ou en totalité, notamment les emballages métalliques, en carton et en bois. Il en est de même pour les différentes matières chimiques (acides, soude caustique, gluconate de fer, etc.)», explique Hassan Debbagh, PDG du groupe Cartier Saada.

L’entreprise cotée à la Bourse de Casablanca évolue dans l’industrie agroalimentaire en produisant depuis plus de 70 ans des conserves de fruits et légumes de premier choix. «La hausse des prix des intrants susmentionnés aura au moins un impact minimal de 15% sur le prix de revient», confie le patron du groupe Cartier Saada. Et de révéler : «Nous situons l’augmentation de la facture énergétique à 30% et la hausse du prix de l’emballage métallique autour de 56%. Ce trend haussier devrait se poursuivre au cours des prochains mois». Pour sa part, Hassan Sentissi, président de l’ASMEX, qui dirige également la Fédération des industries de transformation et de valorisation des produits de la pêche  (FENIP), explique que la hausse des intrants pour l’industrie agroalimentaire est liée à la crise pandémique toujours d’actualité à l’échelle nationale et internationale. «Le prix de la sardine a observé une trajectoire haussière. En tant qu’industriel, nous avons opéré un arbitrage afin d’absorber la hausse des prix des intrants», soutient le patron de la FENIP. Et de confier : «Une infime partie de la hausse des prix des intrants a été répercutée sur les clients. Les décisions d’augmentation des salaires des ouvriers ont été gelées et reportées jusqu’à nouvel ordre».

Une solution intenable sur le long terme ?

Hassan Debbagh et Hassan Sentissi sont formels. Devant l’impossibilité de répercuter le niveau total de la hausse des prix des intrants sur les clients finaux, les entreprises du secteur voient leurs marges bénéficiaires se réduire. Le PDG du groupe Cartier Saada pousse la réflexion plus loin. «La hausse des prix des intrants, dont la conséquence est l’accroissement des prix de certains produits alimentaires, risque d’amener, à terme, les ménages à opérer des arbitrages d’achats et ainsi privilégier les produits de base (céréales, huile, sucre, thé…). Ce qui risque de provoquer le repli de la demande pour certains produits agroalimentaires», analyse Hassan Debbagh. L’industriel ne manque pas de soulever la difficulté de contrecarrer l’inflation des prix qui serait importée. «Les entreprises exportatrices du secteur font également face à la hausse des prix du fret qui oscille entre 20 et 25%. Ce qui corse les choses, sachant que les sociétés exportatrices sont contraintes d’investir afin d’être compétitives sur les marchés internationaux», soutient pour sa part le patron de l’ASMEX.

«Nous tenons le coup grâce à l’appui des banques qui jouent le jeu en contribuant au renforcement du fonds de roulement de notre groupe industriel», poursuit-il. Notons qu’au regard du contexte international qui prévaut (exacerbation des tensions géopolitiques et crise pandémique toujours d’actualité), beaucoup d’industriels ne s’attendent guère à une contraction des prix des intrants pour l’année 2022. 

 

 

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