Immobilier : des réalisations, mais aussi du retard à combler

Immobilier : des réalisations, mais aussi du retard à combler

De nombreuses contraintes perturbent les contrats-programme signés. L’approche participative, impliquant tous les acteurs, commence à donner ses fruits.

 

Par C. Jaidani

Fatima Ezzahra El Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, a présenté dernièrement à la Chambre des représentants un aperçu sur le bilan de la politique de l’habitat au Maroc et les perspectives d’avenir du secteur. Elle a donné de nombreux indicateurs sur les réalisations en matière de lutte contre l’habitat insalubre et les mesures de soutien déployées pour faciliter l’accès au logement. El Mansouri a mis en exergue les différents leviers adoptés pour atteindre les objectifs escomptés, notamment le foncier, le financement, la fiscalité, l’urbanisme et les réformes institutionnelles.

«Le foncier est un véritable nerf de la guerre de la politique de l’Habitat. Depuis 2003, l’Etat a mobilisé pas moins de 8.720 hectares de terrains publics dans plusieurs régions du Royaume afin de diversifier et de renforcer l’offre foncière. 60% de cette assiette sont dédiés au logement social, 22% aux zones industrielles et équipements publics, et 18% aux projets d’accompagnement. Cette stratégie a permis de créer 22 pôles urbains et 4 villes nouvelles. Entre 2002 et 2023, les contratsprogrammes ont nécessité une enveloppe budgétaire de 126,35 milliards de DH, dont 30,51 milliards de DH dédiés à la lutte contre l’habitat insalubre», indique El Mansouri.

Elle a rappelé également les exonérations accordées aux promoteurs et les dérogations urbanistiques pour développer le logement social, notamment au niveau de la construction en hauteur ou de la densité d’habitat. Pour le programme de villes sans bidonvilles (VSB), le recensement a identifié, à fin juin 2024, 465.000 ménages concernés, alors qu’au départ, en 2004, le nombre était limité à 270.000. La ministre a reconnu que des contraintes retardent le programme VSB. «Nous avons identifié particulièrement la faible adhésion de la population concernée, des difficultés pour mobiliser le foncier public, le manque d’attractivité des nouveaux centres urbains d’accueil, l’insuffisance des équipements de base et des services publics ainsi que le coût faramineux de l’aménagement des terrains et qui ont nécessité la contribution d’acteurs externes», affirme-t-elle.

Au niveau de l’habitat menaçant ruine, le département de l’habitat a recensé 43.697 maisons, réparties respectivement entre 25% pour la région de Fès-Meknès, 17% pour Marrakech-Safi, 15% pour Casablanca-Settat, 11% DraâTafilalt, 9% Souss-Massa, 6% pour Tanger-Tétouan-Al Hoceima et 17% pour les autres régions. A fin juin 2024, le département de tutelle a traité les dossiers de 18.324 maisons regroupant 46.900 personnes. Le programme a mobilisé une enveloppe budgétaire de 8,11 milliards de DH. El Mansouri a affirmé qu’«il existe une faiblesse du savoir-faire technique dans ce domaine et aussi d’opérateurs spécialisés».

Elle a révélé l’absence d’un cadre juridique imposant aux propriétaires de faire une expertise périodique de leurs maisons ainsi qu’une disposition claire pour intervenir en cas d’urgence ou en cas de refus des propriétaires d’adhérer au programme. La ministre a relevé l’absence d’accompagnement social des familles concernées par le recasement. «A cet égard, de nouveaux textes de loi ont été adoptés et l’Agence nationale pour la rénovation urbaine a été créée. La nouvelle approche est globale et participative impliquant tous les acteurs ainsi que la population cible», souligne-t-elle.

Commentant ce bilan, Abdellah Bouanou, président du groupe PJD à la Chambre des représentants, a affirmé que «VSB était censé prendre fin en 2010. Il a accusé 14 ans de retard et rien ne présage qu’il va être bouclé dans quelques années. Une bonne partie de la population à recaser est concentrée dans les grandes villes, surtout à Casablanca, et nous sommes à l’approche de la Coupe du monde. Il existe de nombreux dysfonctionnements qu’il faut corriger, comme l’identification des bénéficiaires sur des critères objectifs, l’uniformisation de ces critères dans toutes les régions et, surtout, veiller à ce que le programme touche exclusivement les personnes éligibles. L’approche adoptée ne doit pas être focalisée uniquement sur le volet habitat, mais prendre en considération le cadre de vie». 

 

 

 

 

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