La sécheresse, l’export et la spéculation sont les principales causes de la flambée des prix des tomates.
Le département de tutelle prévoit un retour à la normale dans quelques semaines.
Par C. Jaidani
A l’instar de nombreux produits agricoles, les prix des tomates connaissent une flambée des prix importante. A l’approche du mois de Ramadan, cela suscite de vives inquiétudes auprès des consommateurs. Selon des données recueillis auprès de Casa Prestations, les prix évoluent entre 3,5 et 8 DH/ kg au marché de gros de Casablanca. Alors que les prix domestiques s’établissent dans une fourchette de 10 à 13 DH/kg.
Interrogé à ce sujet, Mohamed Saddiki, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, explique que «les prix des tomates fluctuent selon la saison. Il y a deux mois, ils étaient au plus bas. Actuellement, la vague de froid qui sévit sur le Royaume a retardé les récoltes, et bien entendu réduit l’offre et augmenté les prix. Avec la montée de la chaleur dans les semaines à venir, la situation devrait revenir à la normale».
Pour dissiper les inquiétudes concernant le Ramadan, il a souligné que «le secrétaire général du département a tenu une réunion avec les producteurs afin d’assurer un approvisionnement adéquat du marché. La production nationale de tomates est assez suffisante pour couvrir les besoins du marché local». Le ministre a relaté de nouveau «les problématiques de la distribution et la commercialisation des produits agricoles qui ne relèvent pas des attributions du ministère de l’Agriculture. A cause de nombreuses reventes, les intermédiaires plombent les prix. Le gouvernement étudie de près ce sujet pour trouver des solutions».
Les propos de Sadiki sont également confortés par les professionnels du secteur. «La saison agricole a été très difficile en 2022. La sécheresse a impacté sévèrement les avoirs en eau du Maroc, que ce soit pour la retenue des barrages ou au niveau de la nappe phréatique. Du ce fait, les exploitants trouvaient beaucoup de difficultés pour répondre aux besoins de leurs plantations. Il faut ajouter également les autres aléas climatiques comme le froid et la grêle», affirme Abderrazak Chabbi, secrétaire général de l’Association marché de gros des fruits et légumes de Casablanca. Et de poursuivre que «ces facteurs n’expliquent pas tout de cette flambée. Il faut citer également la campagne d’export qui a réduit sensiblement le volume des produits destinés au marché local, sans oublier que les outils de stabilisation des prix ne sont pas opérationnels. Ils laissent l’opportunité aux intermédiaires d’imposer leur diktat».
Les opérateurs de la filière s’interrogent sur les perturbations du marché qui deviennent récurrentes, alors que la production des tomates a connu un net essor avec le Plan Maroc Vert. En effet, la filière a pu étendre son champ d’activité à plus de 19.000 hectares. La production culmine à près de 1,43 million de tonnes, progressant de près de 65% depuis le lancement du cette stratégie sectorielle. Dans l’activité «Primeurs», les tomates représentent 27% de la superficie, 63% de la production globale et 70% des exportations. La filière a gagné également en termes de compétitivité. Au Maroc, le rendement est parmi les meilleurs au monde, soit 8,83 kilos/m2, dépassant ceux de l’Espagne (8,5 kilos), du Portugal (8,4 kilos) et de la Turquie (6,89 kilos). Seuls les Etats-Unis et la France font mieux.