Financement des engrais: le Groupe OCP fait bouger les lignes

Financement des engrais: le Groupe OCP fait bouger les lignes

Le coût prohibitif des engrais de qualité est un obstacle de taille pour bon nombre d’agriculteurs sur le continent africain.

Le Groupe OCP, qui bénéficie du soutien de plusieurs partenaires régionaux et internationaux, s’attèle à faciliter l’accès des fermiers africains aux fertilisants de qualité.

 

Par M. Diao

Le sujet de l’accès aux engrais est crucial pour l’Afrique. Le continent, qui verra sa population presque doubler pour atteindre plus de deux milliards d’habitants à l’horizon 2050, est l’un des bastions mondiaux les plus touchés par l’insécurité alimentaire, la dégradation des sols, le tarissement de l’eau sous l’effet du changement climatique et le faible rendement agricole. Aussi paradoxal soit-il, l’Afrique productrice et exportatrice de produits phosphatés et d’urée, est importatrice nette de produits d’engrais potassiques, avec une consommation d’engrais de 17 kg par hectare. Ce qui est bien en dessous de la moyenne mondiale et de celle de certains pays d’Europe de l’Ouest qui s’approche de 150 kg/ hectare.

La faible utilisation des fertilisants, une composante-clef du rendement agricole, est à relier au coût prohibitif des intrants, notamment pour les agriculteurs issus de beaucoup de pays du continent. C’est en cela que la troisième édition du Forum africain de financement des engrais, coorganisée par le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), OCP Africa et le mécanisme africain de financement du développement des engrais, et qui se déroule du 11 au 13 octobre 2022 à Casablanca, revêt un sens particulier. Pour cause, les années 2021 et 2022 ont été marquées par la surchauffe des prix des engrais.

Les chiffres de la FAO, publiés récemment, sont éloquents à plus d’un titre. D’après l’organisation onusienne, les hausses les plus notables concernent les engrais azotés entre novembre 2020 et le même mois de l’année 2021. Les prix de l’urée, un des principaux engrais azotés, ont plus que triplé sur douze mois. Les cours nominaux des prix au comptant de l’urée de mer Noire (vrac) sont passés de 245 dollars la tonne en novembre 2020 à 901 USD la tonne en novembre 2021. Les prix des engrais phosphatés (P) ont augmenté au même rythme. Ceux du phosphate diammonique, ou DAP, un des principaux engrais phosphatés composites, ont doublé, passant de 360 dollars la tonne à 726 dollars la tonne sur la période précitée.

A l’évidence, l’année 2022 marquée par la guerre en Ukraine et la crise énergétique mondiale continuent de faire le lit de cette tendance haussière des cours des intrants agricoles. Ce qui ne sera pas sans conséquences sur les niveaux de production dans plusieurs pays d’Afrique. D’ailleurs, les experts de la FAO sont formels. Le fait que les prix des engrais soient élevés et volatiles fait craindre une faible disponibilité d’engrais en 2022- 2023, laquelle pourrait avoir des répercussions négatives sur la production et la sécurité alimentaires. Le contexte qui prévaut accroit incontestablement la centralité de la question de l’accessibilité des intrants pour les petits agriculteurs, lesquels représentent près de 80% de la population de certains pays africains (Malawi, Angola, etc.). Ce Forum, rehaussé par la participation de plusieurs personnalités africaines, pour ne citer que le ministre de l’Agriculture du Malawi et le secrétaire général du ministère de l’Agriculture de l’Angola, a permis aux différents intervenants de souligner la nécessité d’une plus forte implication des acteurs majeurs du financement (bailleurs de fonds, banques, etc.) de la chaîne de valeur des phosphates.

 

Le volontarisme exemplaire du Groupe OCP

«En tant qu’entreprise panafricaine, leader mondial sur le marché international des fertilisants, nous sommes engagés fortement pour l’édification d’un secteur des engrais résilient et une agriculture créatrice de valeur en Afrique», explique Mohamed Anouar Jamali, DG d’OCP Africa. L’engagement du Groupe OCP pour l’accès des petits agriculteurs africains aux engrais de qualité, a été conforté par le lancement en juillet 2022 d’une initiative de grande envergure en réponse à la surchauffe des cours des fertilisants sur le marché mondial. En effet, la mobilisation de 550.000 tonnes d’engrais sous forme de dons et de rabais (16% des besoins d’engrais phosphatés du continent), a permis au groupe panafricain de soutenir 20 pays africains et 4 millions de fermiers, installés sur le continent.

«Cette opération d’urgence ne s’est pas limitée uniquement à la fourniture d’engrais adaptés. Des actions de sensibilisation ont également été mises en place afin de conscientiser les fermiers sur plusieurs enjeux. Ces derniers sont inhérents aux intrants de qualité accessibles, les services agricoles, la petite mécanisation, la formation, la commercialisation et l’accès au financement», soutient le patron d’OCP Africa. Notons que la deuxième phase du Plan d’envergure a été lancée cette semaine avec l’appui d’institutions régionales et internationales. L’objectif étant d’impacter près de 40 millions de fermiers africains dans 40 pays. Dans le détail, la deuxième version du Plan d’urgence portera sur l’octroi de 4 millions de tonnes d’engrais de qualité aux agriculteurs africains en 2023. Cette quantité représente plus du double de l’approvisionnement consacré par OCP au continent en 2021, et plus d’un quart de la production totale prévue par le groupe. La nouvelle allocation contribuera à nourrir près d’un milliard de personnes. Et ce, grâce à l’accroissement de la production agricole attendu sur le continent. «Une approche holistique, novatrice et basée sur les fondements scientifiques, impulsera la deuxième phase… Nous sommes convaincus que l’approche partenariale sera fondamentale à tous les niveaux pour le succès de l’initiative. Et ce, au bénéfice des petits agriculteurs et au renforcement de la sécurité alimentaire de notre continent», conclut Mohamed Anouar Jamali.

 

Malawi et Angola - Deux exemples édifiants
Il ressort des interventions respectives des représentants des deux pays plusieurs caractéristiques communes. Le Malawi, qui dispose de 34 millions d’hectares dédiés à l’agriculture, et l’Angola 52 millions d’hectares, affichent un grand potentiel en matière agricole. Ces Etats ont tous les deux un nombre considérable d’agriculteurs (80% de la population) et un climat propice. A l’échelle africaine, l’Angola est le deuxième pays doté des plus grandes réserves en eau. En dépit de ces atouts, la performance de l’agriculture au niveau des Etats précités est largement en deçà de leur potentiel agricole. A titre illustratif, 80% des agriculteurs angolais n’ont pas les moyens de se procurer les engrais nécessaires afin de doper leur production. Par exemple, pour le maïs, l’Angola, qui affiche une consommation moyenne d’engrais de 17 kg par hectare, enregistre un rendement d’1 tonne/hectare. Ce qui est trop faible. L’objectif du gouvernement angolais (disposé à travailler avec le Groupe OCP pour inverser la tendance) est d’augmenter la consommation moyenne d’engrais à 50 kg par hectare. Il importe de souligner que le Malawi, pays dans lequel la production d’engrais est désormais érigée en priorité, a bénéficié de la première phase du plan d’urgence du Groupe OCP visant à faciliter l’accès des petits agriculteurs aux fertilisants de qualité.

 

 

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