Figues de barbarie: la filière fortement impactée par la cochenille du cactus

Figues de barbarie: la filière fortement impactée par la cochenille du cactus

Nette baisse de la production et hausse des prix.

Le programme de replantation des champs contaminés se poursuit.

Par C. Jaidani

Les figues de barbarie sont parmi les fruits les plus demandés par les consommateurs pendant la période estivale. Elles sont très appréciées pour leur qualité alimentaire et gustative. La filière a connu un essor remarquable du fait que le cactus, la plante produisant ce fruit, est très résistant à la sécheresse. Il n’est pas exigeant en matière de fertilité du sol. Son succès est dû également aux faibles charges d’exploitation mobilisées et aussi au rendement à l’hectare qui dépasse parfois celui des cultures conventionnelles, notamment les céréales.

Mais, depuis quelques années, l’activité a été fortement impactée par la cochenille du cactus, un insecte ravageur qui a détruit les champs. Le phénomène est connu pour sa forte propagation due en grande partie à l’utilisation de plants ou de semences provenant de zones déjà touchées, mais aussi du fait de la manipulation et du transport des fruits d’une région contaminée à une autre considérée saine.

Malgré un ambitieux programme lancé par les autorités concernées, qui consiste à détruire les plantations et les remplacer par d’autres plus résistantes, la production n’a cessé de baisser. Les témoignages recueillis dans le marché de gros sont révélateurs à plusieurs niveaux.

«Généralement, à partir du mois de juin, les camions commencent à débarquer leurs cargaisons de figues de barbarie provenant de plusieurs régions du Royaume, notamment celles qui ont des produits appréciés comme les Ait Baamrane dans la région de Sidi Ifni, des Rhamna et aussi des Oulad Haddou, dans la périphérie de Casablanca. Ce qui suscitait une forte euphorie chez les détaillants, notamment les marchands ambulants. Mais actuellement, on note une forte baisse de l’offre et par conséquent une hausse des prix», souligne Abdallah Benbih, membre de l’Association des négociants et commerçants du marché de gros des fruits et légumes de Casablanca.

Auprès des détaillants, on partage également les mêmes préoccupations, et la plupart des personnes qui s’adonnaient à ce genre d’activité, l’ont boudée pour d’autres plus rentables.

«Chaque année, en cette période d’été, je m’intéresse au commerce des figues de barbarie. Il assure une bonne marge bénéficiaire. Mais, cette année, je l’ai évité car les produits sont chers. La moyenne des prix oscillait en général entre 0,50 et 1 DH/unité pour les calibres standards. Actuellement, on négocie à partir de 3 DH. Les consommateurs se contentent de 3 à 5 pièces au lieu d'une moyenne de 10 unités. Il est donc difficile dans ces conditions de rentrer dans ses frais et faire un bénéfice», explique un marchand ambulant à Casablanca.

Il est à rappeler que le premier foyer de la maladie s’est déclaré pour la première fois en 2015 dans la province de Sidi Bennour (province d'El Jadida). Depuis, il s’est étendu à d’autres zones du Royaume. Les cochenilles «Dactylopius coccus» sont originaires d’Amérique sud-tropicale et subtropicale et du Mexique. Elles ont été introduites dans des cactus importés par l’Espagne, les Iles Canaries et l’Algérie. L’insecte n’a pas trouvé de difficultés pour trouver refuge au Maroc.

Sélection de 8 variétés résistantes

Le département de l’Agriculture a lancé en 2016 en urgence un programme de lutte contre la cochenille du cactus. Les actions d’intervention portent notamment sur le traitement chimique, la destruction des plantes infestées et surtout le déploiement de variétés résistantes. L’Institut national de la recherche agronomique (INRA) a initié d’intenses activités dans ce domaine, en partenariat avec d’autres organismes relevant du département de tutelle comme l’ONSSA, l’Office national du conseil agricole (ONCA) et les délégations régionales de l’agriculture ainsi que les ORMVA. Le programme vise le développement de huit variétés résistantes à la cochenille inscrites au catalogue officiel. Elles ont été sélectionnées parmi 400 variétés. Le programme prévoit également la replantation de 22.000 hectares au titre de la saison 2021/2022.

 

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