Equilibres macroéconomiques: Le grand écart

Equilibres macroéconomiques: Le grand écart

Le projet de Loi de Finances rectificative prévoit un déficit budgétaire de 7,5% en 2020.

La crise liée à la covid-19 a fait sauter les verrous posés pour préserver les équilibres macroéconomiques.

 

Par D. William

 

Les hypothèses retenues dans le cadre du projet de Loi de Finances rectificative (LFR) sont désormais connues. L’argentier du Royaume, Mohamed Benchaâboun, les a dévoilées lors du Conseil des ministres tenu lundi à Rabat sous la présidence du Roi Mohammed VI. Benchaâboun table ainsi sur un recul de 5% du PIB et un déficit budgétaire de 7,5%.

Rappelons que le gouvernement avait pris un ensemble de mesures pour favoriser la relance économique, dont certaines s'inscrivent dans le cadre des décisions prises par le Comité de veille économique, notamment l'adoption d'un projet de LFR.

L’objectif est de concevoir un plan de relance global et intégré qui devra permettre à la fois d’accompagner valablement le redémarrage de l’activité des différents secteurs de l’économie nationale et de créer les conditions propices pour une reprise économique vigoureuse à la sortie de la crise de la Covid-19.

 

Grand chamboulement

Le gouvernement a dépensé sans compter pour soutenir l’économie et absorber les chocs induits par la pandémie de la Covid-19. Même les plus ardents défenseurs de l’orthodoxie budgétaire ont adhéré à ce choix économique.

Tous les verrous posés pour préserver les équilibres macroéconomiques ont sauté. On en oublierait presque, il y a à peine 4 mois, que l’Etat était sur une autre logique économique et tablait sur un taux de croissance de 3,7% et un déficit budgétaire prévisionnel de 3,5% en 2020.

Aujourd’hui, on fait face à une autre réalité : les principaux indicateurs sont tous dans le rouge et le déficit budgétaire a explosé. Les derniers chiffres du Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS) prévoient ainsi un creusement du déficit du compte courant en 2020 à 10,3% du PIB, avant de s’améliorer partiellement en 2021 à 5,8% grâce notamment à la mobilisation des financements extérieurs et la reprise rapide prévue en 2021.

«Les avoirs officiels de réserve, qui se sont améliorés en 2019 à 253,4 milliards de dirhams, assurant une couverture de 6 mois et 8 jours d’importations de biens et services, devraient baisser sur l’horizon de prévision. Leur niveau permettrait, toutefois, de couvrir autour de 5 mois d’importations aussi bien en 2020 qu’en 2021», indique le CCSRS.

De son côté, le haut-commissariat au Plan (HCP) indique que l’économie marocaine se serait contractée de 13,8% au deuxième trimestre 2020, après une hausse de 0,1% le trimestre précédent, sous l’effet d’une baisse de 14,4% de la valeur ajoutée non-agricole et d’un repli de 6,1% de celle de l’agriculture. Cette baisse devrait néanmoins s’atténuer au 3ème trimestre.

Selon le HCP en effet, «dans l’ensemble et compte tenu du repli de 4,1% de la valeur ajoutée hors agriculture, l’activité économique enregistrerait une baisse de 4,6% au troisième trimestre 2020, en variation annuelle, au lieu d’une hausse de 2,4% la même période de l’année précédente. La relance économique est donc maintenant la seule priorité du gouvernement. Mais les hypothèses retenues dans la Loi de Finances rectificative ne restent que des hypothèses. Et elles restent d’autant plus fragiles que le contexte économique est encore très complexe, avec en toile fond un manque de visibilité sur tous les fronts. Les projections de Benchaâboun tiennent donc sur un fil ténu, surtout qu’il reconnaît que «la crise n’est pas encore finie».

Les prochains mois risquent d’être dans ce sens douloureux. Car l’Etat sera amené à faire des arbitrages économiques délicats pour accompagner la reprise d’activité, soutenir l’emploi, mais aussi et surtout travailler au retour à l’équilibre des fondamentaux, cher aux différents gouvernements qui se sont succédé au Maroc.

C’est là le principal enjeu du plan de relance économique.

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