1 dollar investi dans la petite enfance rapporterait 17 dollars à la collectivité.
L’on dénombre au Maroc près de 1,4 million de scolarisés dans le préscolaire, ce qui représente près de 50% des enfants en âge d’être inscrits à ce niveau d’éducation.
Par M.D
Le Maroc en quête d’un nouveau modèle de développement fait face à un défi de taille : celui de l’amélioration de son système éducatif, socle d’un développement pérenne et inclusif. Au plus haut sommet de l’Etat, l’on est de plus en plus persuadé que le préscolaire est un niveau important, qui conditionne la réussite de la réforme du système éducatif, dont la vocation est de répondre aux nouveaux enjeux nationaux et internationaux.
D’ailleurs, le Roi Mohammed VI a adressé un message lu aux participants par le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, lors des premières Assises nationales du développement humain qui se sont déroulées à Skhirat, placées sous le thème du développement de la petite enfance.
Rappelons d’emblée que l’appui au préscolaire en milieu rural défavorisé ainsi que la généralisation de l’éducation à base âge, constituent la phase III de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH).
Cette dernière s’articule autour d’un programme ambitieux consistant en la construction de 10.000 nouvelles unités préscolaires et la mise à niveau de 5.000 unités existantes.
Ceci dit, sur le plan national, l’on dénombre près de 1,4 million de scolarisés dans le préscolaire, ce qui représente près de 50% des enfants en âge d’être inscrits à ce niveau d’éducation. Ce chiffre recule à 37% à l’échelle rurale.
Au-delà de ce rappel qui montre l’ampleur de la tâche en la matière, l’événement inédit, rehaussé par la présence du chef de gouvernement, Saad Eddine El Otmani, a eu le mérite de mettre en lumière les vrais enjeux inhérents à l’enseignement préscolaire (importance de l’encadrement, outils pédagogiques innovants, méthodes de stimulation de l’apprentissage, etc.).
Ce proverbe africain, plusieurs fois rappelés par les experts internationaux lors des panels, montre à quel point l’implication de la communauté est nécessaire pour l’éducation de l’enfant, l’adulte de demain.
Les intervenants ont été unanimes sur l’impératif pour les pouvoirs publics de considérer les dépenses inhérentes à la petite enfance comme un investissement à long terme. Certes, les études montrent que les charges générées par le préscolaire sont plus conséquentes que celles du niveau primaire. Mais le retour sur investissement est garanti car un 1 dollar investi dans le préscolaire, rapporterait 17 dollars à la collectivité.
Les spécialistes alertent sur les fâcheuses conséquences de la promotion du développement de la petite enfance au rabais. Toutefois, la réalité est qu’au Maroc, les contraintes budgétaires persistent, du fait en partie d’un rythme d’accroissement des dépenses publiques plus soutenu que les recettes de l’Etat. D’où l’impératif pour les autorités publiques de faire preuve d’innovation afin de trouver des ressources financières additionnelles, permettant de relever les défis ayant trait à la petite enfance.
Au-delà de la dimension financière voire comptable, l’appréhension de la psychologie de l’enfant (3-5 ans) est cruciale afin de mieux cerner ce qui est utile pour son éducation et son développement personnel. Par ailleurs, il est utile de noter que l’objectif 4 des Objectifs du développement durable (ODD) à l’horizon 2025, est d’assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie.
Les experts s’accordent à dire que l’apprentissage de l’enfant jusqu’à 5 ans passe par les interactions avec son entourage (parents, éducateurs, semblables). Du fait de cette réalité, en plus des efforts pour multiplier les infrastructures adéquates et de qualité, les pouvoirs publics doivent mettre l’accent sur l’investissement dans le personnel en charge de la facilitation de l’apprentissage de l’enfant, qui au niveau préscolaire apprend à vivre en société avec ses semblables (les autres enfants).
Cet apprentissage lui permet de développer des qualités recherchées par le milieu professionnel (travail en équipe, gestion pacifique des conflits, etc.). Le soutien accordé aux parents à travers les bourses familiales par exemple a également toute son importance. A ce titre, il est utile de souligner que les Assises ont accordé une place centrale à la santé et à la nutrition maternelle et infantile.
Pour rappel, en dépit des avancées réalisées par le Royaume en la matière, 15% des enfants marocains de moins de 5 ans sont affectés par un retard de croissance. Ce chiffre culmine à 25% dans certaines régions du pays. Pour remédier à cette situation et renforcer les programmes se rapportant à la santé et à la nutrition maternelle et infantile, une convention a été signée entre le ministère de l’Intérieur, celui de la Santé et l’Unicef. ◆