Emploi : cap sur les PME et les non-diplômés

Emploi : cap sur les PME et les non-diplômés

Avec près de 16 millions de personnes inactives, 1,6 million de chômeurs et quelque 100.000 emplois perdus chaque année, l’économie marocaine peine à générer des emplois stables et durables.

 

Par Désy M.

La question de l’emploi et de l’inactivité était au centre du débat, mercredi 23 avril, lors d’une conférence organisée par le Groupe Le Matin sous le thème : «Emploi : quelles réformes pour réduire le chômage et l’inactivité au Maroc ?». Réunissant des personnalités issues du secteur public et privé, des experts ainsi que des universitaires, cette rencontre a offert une plateforme d’échange autour des enjeux structurels du marché du travail marocain.

C’était l’occasion également d’examiner en profondeur la feuille de route gouvernementale actuellement déployée pour stimuler l’emploi et renforcer l’inclusion professionnelle à l’échelle nationale. Intervenant lors du panel intitulé «Le nouveau plan gouvernemental pour l’emploi : quelle chance de réussite ?», Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, a présenté trois axes principaux de la feuille de route de l’emploi, visant à redynamiser le marché du travail.

Dotée d’une enveloppe de 12 milliards de dirhams, cette feuille de route ambitionne de créer 500.000 emplois par an et de ramener le chômage sous la barre des 9%. Celle-ci mise sur l’investissement, l’inclusion territoriale, les politiques actives de l’emploi et une meilleure intégration des non-diplômés. Parmi les nouveautés majeures, un nouveau décret vient élargir le champ des incitations à l’investissement en intégrant les petites et moyennes entreprises.

«Au-delà des grands investissements, nous avons désormais un dispositif qui permet de soutenir les PME et TPME à capitaux marocains, pour des montants allant d’un million jusqu’à 50 millions dirhams», a souligné le ministre. Cette mesure, attendue de longue date, constitue un véritable levier pour renforcer l’entrepreneuriat local. Ouvrir l’emploi aux non-diplômés Le deuxième chantier de taille concerne les politiques actives de l’emploi, pilotées notamment par l’ANAPEC. Une évaluation des actions menées sur les trente dernières années a révélé des réussites, mais aussi des limites liées à la taille et à l’évolution du marché. «Nous avons besoin de programmes plus agressifs, plus à l’écoute du marché, de l’offre et des territoires», a insisté Sekkouri. Pour la première fois, les nouveaux dispositifs s’ouvriront aux personnes sans diplômes. Ils représentent une part importante des 1,6 million de chômeurs recensés par le HCP, dont près de 910.000 sont non diplômés.

«Jusqu’à présent, aucune mesure ne ciblait cette population, et pourtant les entreprises se montrent très intéressées, notamment dans les secteurs à forte intensité de maind’œuvre», a-t-il précisé, citant le programme Awrach comme exemple prometteur. Le troisième pilier de cette nouvelle vision cible les territoires ruraux. Une large part des nouveaux demandeurs d’emploi, estimée entre 150.000 et 200.000 personnes par an, provient en effet du monde rural, à hauteur de 80%.

«Ces populations étaient autrefois absorbées par le BTP ou le commerce, des secteurs qui ont souffert ces dernières années, mais qui commencent à se redresser. De ce fait, un programme spécifique d’appui à l’activité économique locale est en cours de déploiement, en adéquation avec les spécificités de chaque territoire. L’objectif est de stabiliser les populations sur place et créer des opportunités concrètes», a expliqué le ministre. Par cette stratégie, le gouvernement affiche sa volonté de créer une dynamique autour des TPE, de favoriser l’insertion des jeunes et des femmes, et d’aligner la formation professionnelle avec les besoins du marché. Cependant, dans les coulisses du débat, économistes et opérateurs économiques ont exprimé leur scepticisme face à des blocages systémiques persistants.

Mehdi Tazi, vice-président de la CGEM, a précisé que «ce n’est pas la quantité d’emplois qui compte, mais leur qualité et leur pérennité. La question de l’adéquation entre les profils formés et les besoins du tissu productif reste centrale». Les experts se sont accordés sur le fait que créer de l’emploi ne se résume pas à injecter des milliards de dirhams dans des plans. Il s’agit de bâtir un environnement de confiance, réformé en profondeur, avec des institutions à la fois visibles et invisibles fonctionnant de manière équitable et prévisible.

La réussite de la nouvelle feuille de route dépendra de la capacité du gouvernement à traduire cette stratégie en actions concrètes, durables et évaluables. Les recommandations au sortir de ce débat se sont résumées à activer réellement le Nouveau modèle de développement, renforcer la confiance en l’État, réformer le code du travail, soutenir les TPE, intégrer l’informel, investir dans les régions à fort chômage, et surtout instaurer une culture d’évaluation rigoureuse des politiques publiques. 

 

 

 

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