Le Maroc est confronté à l'une des périodes de sécheresse les plus cruelles de son histoire. Elle est quasi similaire à celle des années 80. La saison 2021/2022 a connu un déficit pluviométrique de plus de 40% comparativement à une année normale.
Un manque à gagner qui s'est répercuté directement sur les réserves en eau des barrages qui atteignent actuellement un taux de remplissage de 33% seulement. Les pluies de mars et avril ont sauvé quelque peu la situation. Mais plusieurs barrages sont actuellement au stade du tarissement. Parmi les grands ouvrages les plus impactés, figure notamment celui d'Al Massira et de Abdelmoumen.
D'autres sont également à un taux de remplissage de moins de 20%, comme Bin El Ouidane. La saison estivale et le début de l'automne s'annoncent difficiles, surtout pour les régions Souss-Massa, Doukkala, Al Haouz et l'Oriental. Des rationalisations d'eau dans les périmètres irrigués sont à prévoir. Même pour l'eau potable, l'ONEE et des régies de distribution ont annoncé que l'approvisionnement de certains centres urbains devrait être perturbé.
«La sécheresse devient un volet structurel de l'agriculture nationale. Les exploitants ont appris à cohabiter avec ces aléas. On note une alternance des saisons pluvieuses et des saisons sèches. Mais quand le manque de pluie est enregistré en deux saisons successives, la situation devient insupportable. Les marges de manœuvre des agriculteurs pour supporter cette situation s’amenuisent», explique Abdelmoumen Guennouni, ingénieur agronome. Et de souligner que «la situation deviendra encore plus compliquée si les pluies faisaient défaut lors de l’automne prochain ou le déficit hydrique venait à se creuser à cette date». Le manque d’eau s’est fait également sentir au niveau de la nappe phréatique.
Plusieurs exploitants dans différentes régions du Royaume ont constaté une baisse du débit. D’où une forte demande pour les forages des puits ou pour leur approfondissement. Les tarifs de ces opérations ont, à leur tour, grimpé en flèche, accentués par la hausse des charges d’exploitation, notamment du carburant.
«Nous travaillons à une cadence acharnée comparativement à l’année dernière. Le prix de forage des puits, qui était auparavant dans une fourchette entre 150 et 170 DH le mètre, est fixé actuellement à plus de 250 DH/m. La technique la plus utilisée est celle de la percussion ou celle de la rotation. Elle est plus rapide est plus pratique, car elle permet d’atteindre les objectifs au bout de quelques jours», affirme Jamal Maslouhi, professionnel de forage de puits, basé dans la région de Chaouia. Même à ces prix excessifs, les agriculteurs qui ont des parcelles à irriguer ou du bétail à abreuver n’ont pas d’autres choix que de s’y plier.