L’ampleur du déficit budgétaire projeté en 2022 (5,9% du PIB) corrobore une fois de plus les tensions sur les finances publiques.
Les efforts en matière d’investissements publics se poursuivront pour l’année prochaine.
Par M.Diao
Bon nombre d’experts n’ont cessé d’alerter, depuis la formation du gouvernement Akhannouch, sur le flou entretenu autour des mécanismes de financement de l’ambitieux programme gouvernemental, lequel a le mérite d’être riche sur le plan social. En dépit de cette perplexité légitime, Aziz AKhannouch a su rassurer une partie de l’opinion publique en assurant au Parlement qu’il était hors de question d’augmenter les impôts.
Or, c’est un truisme de dire que le contexte pandémique marqué par la mauvaise posture des finances publiques (augmentation du déficit public et celle de l’endettement public global) impose, entre autres, des mesures fiscales fortes et/ou des actions portant sur l’augmentation des recettes et la réduction des dépenses publiques. Au regard de la teneur du PLF 2022, le nouvel exécutif, qui a également la lourde tâche d’implémenter le nouveau modèle de développement, d’accélérer la généralisation de la couverture sociale, tout en consolidant les bases de la relance économique nationale, a visiblement privilégié le recours au levier fiscal afin de renflouer les caisses de l’Etat.
Pour preuve, il y a lieu de citer comme mesures cruciales contenues dans le PLF 2022 qui sera soumis au vote de la représentation nationale, la suppression de l’IS progressif (résultant d’une forte et ancienne revendication de la CGEM), la contribution sociale de solidarité sur les bénéfices des sociétés et la hausse programmée de la TIC pour certains produits. Rappelons que l’élaboration du PLF 2022 intervient à un moment où les besoins en investissements dans les domaines sociaux, les entreprises et les infrastructures du pays ne faiblissent guère. D’ailleurs, il ressort de la note de présentation du PLF 2022 que le déficit budgétaire pour l’année prochaine devrait tourner autour de 5,9% du PIB (soit plus de 58 Mds de DH contre un peu plus de 43 Mds de DH en 2021), couplé à un taux de croissance de 3,2% du PIB.
Sachant que le gouvernement Akhannouch a fait la promesse de réaliser un taux de croissance annuel moyen de 4% au cours de son quinquennat. Face au taux d’endettement global proche des 100% du PIB, l’Etat mettra à contribution, entre autres, les produits de cessions de participations pour le financement du BGE. Ledit poste devrait générer autour de 10 Mds de DH. Par ailleurs, notons que l’accroissement des postes budgétaires, chiffrés à 26.860 en 2022 (contre un peu plus de 21.000 en 2021), n’a pas été sans conséquence sur les charges de l’Etat qui, au regard du PLF 2022, progresseront de 9% à 519,2 Mds de DH contre un taux de progression de 6,61% pour les ressources publiques à 460 Mds de DH. Il ressort ainsi des grandes lignes du premier PLF élaboré sous l’ère Akhannouch que les recommandations phares, issues des dernières assises fiscales, et allant dans le sens de l’équité et la rentabilité fiscale, ont été une fois de plus ignorées.
Le PLF 2022 ne traduit pas une forte volonté de la part du nouveau gouvernement d’élargir l’assiette fiscale. Une donne pourtant nécessaire pour donner un coup d’arrêt à l’érosion du taux d’autosuffisance fiscale.