- Au cours des cinq prochaines années, 25 millions de jeunes arriveront sur le marché du travail des pays arabes.
- De multiples opportunités de création d’emplois existent : l’innovation en est une.
La plupart des gouvernements des pays arabes sont confrontés aux mêmes défis. Il s’agit de l’impératif de répondre aux nouvelles exigences des citoyens ayant trait à la démocratie, la réduction des disparités économique, sociale et territoriale, l’autonomisation des femmes et la lutte contre le chômage des jeunes et de la gente féminine.
L’autre particularité du monde arabe est la place prépondérante de la jeunesse. La moitié de la population de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) a moins de 25 ans.
Cette même zone, qui pâtit des contrecoups du terrorisme et des conflits, est astreinte à créer des postes de travail à près de 25 millions de jeunes qui arriveront sur le marché du travail au cours des 5 prochaines années.
En conséquence, la grande équation à résoudre est de savoir comment favoriser une croissance durable et une prospérité partagée dans le monde arabe qui affiche un taux de chômage de 29% pour ce qui est des jeunes.
Prenant la mesure du péril de la pauvreté et des inégalités économiques et sociales sur la stabilité politique et la paix, le Fonds monétaire international (FMI), le Fonds monétaire arabe (FMA) et le ministère de l’Economie et des Finances, ont organisé dans la ville ocre, une conférence internationale sous le thème : «Opportunités pour tous : croissance, emploi et inclusion dans le monde arabe».
Cette rencontre de haut niveau rehaussée par la présence de Christine Largarde, Directrice générale du FMI, Saad Eddine El Othmani, Chef du gouvernement du Maroc, et Youssef Chahed, Chef du gouvernement tunisien, sortait des sentiers battus, puisqu’au-delà du diagnostic que tout le monde connaît, le leitmotiv a été le pragmatisme, avec à la clef des solutions concrètes pour la création de plus d’emplois et de richesse partagée dans les Etats arabes.
Accès au financement : s’appuyer sur l’innovation
Si les deux Chefs de gouvernement étaient dans leurs rôles en passant en revue les politiques publiques mises en place au Maroc et en Tunisie afin d’atteindre les objectifs de croissance inclusive et durable, en revanche, Abdulrahaman Al Hamidy, directeur du Fonds monétaire arabe, a pour sa part, identifié les axes d’intervention pour les Etats. Il s’agit de la diversification des économies, l’amélioration du climat des affaires, la promotion des PME et l’innovation, ainsi que l’accès aisé aux services financiers.
Il faut savoir que les PME de la région MENA ne s’accaparent que 7,5% des crédits bancaires octroyés. C’est dire l’accès difficile au financement pour cette catégorie d’entreprise.
«L’augmentation de la participation des femmes dans l’économie permettrait d’augmenter le PIB du monde arabe de l’ordre de 40%», martèle le patron du FMA, qui s’offusque du fait que seules 13% des femmes de la région ont accès au financement contre 46% à l’échelle mondiale.
Cela dit, Christine Lagarde qui a cité le Maroc comme exemple édifiant en matière de transformation économique, avec la montée en charge des industries de pointe (automobile, aéronautique, énergies renouvelables, etc.), s’est montrée optimiste.
«Le retour de la croissance mondiale (autour de 3,9% en 2018) et la hausse des échanges commerciaux internationaux constituent de bonnes nouvelles pour la région qui doit tirer profit des opportunités de création de valeur offertes par les fintechs», annonce-t-elle.
Dans le même ordre d’idées, les nouvelles technologies permettent aux demandeurs d’emploi d’être mieux édifiés aux besoins du marché du travail.
En définitive, l’intérêt de cette rencontre a trait aux priorités auxquelles les multiples experts internationaux sont censés apporter des réponses concrètes. Il s’agit de la construction d’un secteur privé solide pourvoyeur d’emplois, des mécanismes de soutien des exclus et des leviers à activer afin d’arriver à une prompte inclusion financière dans le monde arabe. ■
L’exemple tunisien, un cas d’école
En 2011, la Tunisie avait un taux de croissance de 5% du PIB, ce qui n’a pas empêché la révolution», rappelle le Chef du gouvernement tunisien, qui alerte sur la nécessité pour les pays arabes d’œuvrer pour la consolidation de la démocratie, le partage des dividendes de la croissance, notamment avec les démunis.
A l’instar du Maroc, la Tunisie s’attèle à l’élargissement de la couverture sociale. Le gouvernement dirigé par Youssef Chahed qui érige l’assainissement des finances publiques ainsi que l’amélioration du climat des affaires au rang de priorité, se penche sur l’instauration d’un revenu minimum pour les classes sociales vulnérables, ainsi que la mise en place d’un Fonds de garantie pour l’accès au logement des personnes disposant de revenus instables. ■
Par M. Diao