Le monde évolue avec "une population en forte augmentation dans certains endroits et en diminution ailleurs, et sur fond de dommages croissants que nous infligeons à notre planète", a constaté Georgieva lors de son traditionnel discours de lever de rideau avant les Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale (BM), prévues la semaine prochaine à Washington.

Le résultat, a-t-elle averti, est une incertitude exceptionnellement forte à l’échelle mondiale, qui progresse et continue de gagner du terrain. "Préparez-vous, l’incertitude est la nouvelle norme et elle n’est pas près de disparaître", a-t-elle insisté.

L’économie mondiale, selon Georgieva, se comporte "mieux que ce que nous craignions, mais moins bien que ce qu’il nous faudrait".

Elle a précisé que le FMI ne prévoit qu’une légère baisse de la croissance mondiale pour cette année et la suivante, soulignant que tout indique que "l’économie mondiale a, de manière générale, surmonté les rudes épreuves infligées par les multiples chocs".

La résilience observée cette année repose sur quatre facteurs, a-t-elle poursuivi, notamment de meilleurs fondements de l’action publique, la capacité d’adaptation du secteur privé, des conséquences des droits de douane moins graves que prévu, et des conditions financières favorables, pour autant qu’elles se maintiennent. Cependant, a prévenu la DG du FMI, "cette résilience mondiale n’a pas encore été pleinement mise à l’épreuve". 

"Des signes inquiétants indiquent qu’elle pourrait l’être bientôt. Il suffit d’observer la forte progression de la demande mondiale d’or. Stimulés par les effets des valorisations et par les achats nets, les avoirs en or monétaire dépassent aujourd’hui un cinquième des réserves officielles mondiales", a-t-elle expliqué.

Dans ce contexte, Georgieva a insisté sur la nécessité pour les décideurs de déployer davantage d’efforts afin de créer et d’offrir des opportunités répondant aux aspirations des citoyens, en particulier des jeunes.

"Le FMI propose trois objectifs à moyen terme : rehausser durablement la croissance, assainir les finances publiques, et remédier aux déséquilibres excessifs, tant internes qu’externes", a-t-elle précisé.

La patronne du FMI a également appelé les pays membres à saisir l’occasion de réformer les réglementations afin de donner libre cours à l’esprit d’entreprise, soutenu par des institutions solides et une gestion efficace des affaires publiques. 

"Ce n’est pas le moment de se tirer une balle dans le pied, c’est le moment de mettre de l’ordre chez soi", a-t-elle insisté.

Elle a ensuite abordé les finances publiques, relevant que la dette publique mondiale devrait, selon les projections, dépasser 100 % du produit intérieur brut (PIB) d’ici 2029, portée par les pays avancés et émergents. 

"Cette augmentation gonfle les paiements d’intérêts, exerce une pression à la hausse sur le coût de l’emprunt, pèse sur les autres dépenses et réduit la capacité des États à absorber les chocs", a expliqué Georgieva.

Un assainissement des finances publiques est nécessaire, dans les pays riches comme dans les pays pauvres, a insisté la directrice générale du FMI, soulignant que dans ce monde complexe et incertain, l’union et la coordination restent essentielles. 

"Si nous nous unissons, nous pourrons mettre en œuvre des politiques qui soutiennent l’économie de marché grâce à des réglementations avisées, des institutions solides, des données fiables et des filets de protection sociale résistants", a-t-elle dit, ajoutant que ces mesures sont à même de renforcer la résilience et d’accélérer la croissance mondiale.