◆ L’usage des applications de visioconférence a bondi en pleine crise sanitaire du Coronavirus, y compris au Maroc.

◆ Le marché mondial de la visioconférence devrait doubler de taille d’ici 2026 pour atteindre 6,37 milliards de dollars. Ce qui ne va pas sans poser des questions d’ordre technique et de sécurité.

Par K.A

La propagation du Coronavirus dans les quatre coins du monde a entraîné une ruée sans précédent vers les applications de visioconférence. Devenu un outil quasi-indispensable pour remplacer les réunions physiques en cette période de confinement, cette technologie a fait émerger un secteur souvent perçu comme incertain mais en pleine mutation.

Microsoft a indiqué qu’en mars, sa plateforme de collaboration Teams comptait 44 millions d’utilisateurs actifs chaque jour alors qu’en novembre dernier, ils n’étaient que 25 millions. Zoom, petit dernier du secteur, a enregistré un record de trafic en avril 2020 de 300 millions de participants par jour. Pour App Annie, plateforme de données sur le marché des applications mobiles, pas moins de 62 millions de téléchargements ont été comptabilisés entre le 14 et le 21 mars, soit une augmentation de 90 % par rapport à la même période en 2019.

Il faut dire que cette croissance reflète la transition que le marché est en train d’opérer, bien que ce dernier était déjà porteur même avant la crise du Coronavirus. En détaillant les perspectives de l'industrie, Fortune Business Insights rapporte que le marché mondial de la visioconférence était évalué à un peu plus de 3 milliards de dollars en 2018. Il devrait peser plus du double pour atteindre 6,37 milliards de dollars d'ici 2026.

Car en plus de la simplicité d’utilisation et la suppression de la complexité technologique, l’aspect financier semble être l’élément déclencheur dans cette donne. Chose qui a donné naissance à plusieurs acteurs dans un marché vieux de 10 ans.

Des Marocains se lancent

Parmi eux Vizio.ma, une plateforme made in Morocco qui permet, en plus de la visioconférence, le partage de présentations en temps réel, le partage d’écran, ainsi que d’autres fonctionnalités. Mehdi Tazi, fondateur et PDG de Hostoweb, déclare que «chez Vizio.ma, nous souhaitons apporter une solution flexible de collaboration professionnelle digitale en ligne. Cette solution est orientée parallèlement vers les petites et moyennes entreprises ne disposant pas de ressources SI dédiées en interne, et sur le développement d'outils de collaboration digitale pour nos partenaires institutionnels et grands comptes. Notre vision est de placer cette plateforme, première du genre au Maroc, au cœur d'un écosystème de collaboration digitale, s'appuyant sur des technologies fiables et sûres, orientées fonctionnalités et praticité».

Pour ce qui est de l’évolution du marché en cette période de confinement, notre interlocuteur estime que «la hausse que connaît le marché de la visioconférence semble durable, la croissance du secteur, bien que due à la pandémie continuera après celle-ci. Les habitudes et les usages ont changé et il convient donc d'apporter une offre de service qui se différencie sur ce secteur».

Cap sur la sécurité

Ce triomphe s’accompagne aussi d’une avalanche de critiques. Au cours des dernières semaines, les problèmes de sécurité sur des plateformes telles que Zoom et Microsoft Teams ont été rendus publics. Ces plateformes ont été interdites d'utilisation par les gouvernements et les entreprises.

Sur ce point, Mehdi Tazi souligne que «les dysfonctionnements sont inhérents aux processus informatiques, la croissance fulgurante qu'a connue l'utilisation des plateformes pousse les infrastructures dans leur retranchement, ce qui est parfaitement normal bien que contraignant. L'importance est la valeur et l'éthique des entreprises et de leur management qui peuvent décider de transiger sur la sécurité au profit de la rentabilité».

En effet, depuis les lacunes détectées dans le système de sécurité Zoom, il ne se passe pas une semaine sans qu’une plateforme n’annonce des correctifs et nouveautés dans ses fonctionnalités pour répondre à des normes de sécurité minimales.

Quels effets au Maroc

Bien que ces brèches informatiques permettent de prendre le contrôle des ordinateurs à distance, et invitent des intrus dans les conversations, cette riposte numérique n’a pas cessé son extension, et le Maroc ne fait pas exception. Du premier Conseil de gouvernement par visioconférence, à l’adoption de la Justice numérique, en passant par l’enseignement à distance.

«Les usages seront diversifiés, des simples réunions familiales à la tenue de Conseils d’administration, et il est à souhaiter que le développement de l'usage de la visioconférence permette d'accélérer la mise à niveau des infrastructures télécoms au sein de notre Royaume telles que l'augmentation des capacités réseau à l’international ainsi que l'amélioration de la latence et des débits. Les technologies de visioconférence sont le prolongement de la communication habituelle. On peut donc s'attendre à ce que son avenir suive les mêmes mécaniques de démocratisation», estime notre interlocuteur