◆ Le secteur pharmaceutique satisfait de l’initiative royale visant la généralisation de la couverture sociale.
◆ Les pharmaciens veulent entamer le dialogue avec la CNSS.
◆ Entretien avec Hamza Guedira, président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens.
Propos recueillis par B. Chaou
Finances News Hebdo : Comment la profession a-t-elle accueilli l’initiative royale visant la généralisation de la couverture sociale ?
Hamza Guedira : Nous sommes extrêmement heureux et fiers de cette décision de Sa Majesté, qui permettra à la communauté pharmaceutique de bénéficier de l’assurance maladie obligatoire (AMO). La vision de Sa Majesté, que Dieu l’assiste, est une vision purement sociale et qui est en faveur des Marocains.
F.N.H. : Quelle est la situation actuelle des pharmaciens pour ce qui est de la couverture sociale ?
H. G. : Sur le volet de la couverture maladie par exemple, nous avons trois catégories qui bénéficient de l’AMO. La première, constituée des fonctionnaires et des employés des communes etc., est prise en charge par la CNOPS (Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale). Les employés du privé sont pris en charge dans le cadre de la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale), et puis, sur instructions de Sa Majesté, il y a eu la création du Ramed (Régime d'assistance médicale) pour la tranche de la population défavorisée.
Il faut toutefois avouer que l’expérience du Ramed a piétiné, et nous ne pouvons pas dire que c’est une réussite, loin de là…Car quand la Constitution marocaine et les différents discours de Sa Majesté ont insisté sur l’importance de la prise en charge de tous les Marocains de manière égale et équitable, les «ramédistes» étaient obligés de se diriger vers des structures étatiques, alors qu’on devrait leur accorder la possibilité d’aller vers des structures privées s’ils le souhaitaient.
Il restait donc une grande catégorie non couverte, que sont les indépendants, dont les pharmaciens font partie. Mais le dilemme c’est qu’en tant que pharmaciens d’officines, nous sommes amenés à détenir une petite entreprise, et ne payons donc pas la CNSS pour nos employés. Ainsi, nous n’en bénéficions pas, et ce sachant qu’il y a beaucoup de pharmaciens qui ont des soucis de santé, mais malheureusement sans couverture maladie.
F.N.H. : Vous souhaitez ouvrir des discussions avec les parties prenantes, notamment la CNSS, afin de permettre à la communauté professionnelle pharmaceutique de bénéficier de l’AMO. Quelles sont concrètement aujourd'hui vos attentes ?
H. G. : Auparavant, des tentatives ont eu lieu pour faire bouger un peu ce dossier des indépendants, mais ça n’a pas abouti. Avec cette pandémie, nous avons découvert que notre système souffre de pas mal de lacunes. Le discours royal lors de la Fête du Trône tombe donc à point, et intervient pour donner des instructions fermes qui vont en faveur de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) pour tous les Marocains sans exception. C’est ce que nous demandons.
Nous souhaitons bénéficier comme tout citoyen marocain du droit à la couverture maladie. J’espère que le gouvernement mettra en place une organisation dotée d’une gouvernance à la hauteur des visions de Sa Majesté. C’est-à-dire, éventuellement, faire converger l’ensemble des Caisses vers la création d’une seule qui prendra en charge l’AMO pour tous les pharmaciens, avec les mêmes paniers de soins pour tout le monde. Et ce, afin qu’il n’y ait pas de disparités entre les fonctionnaires qui sont dans la CNOPS et le privé.
F.N.H. : Vous dites dans une lettre adressée à la direction de la CNSS que vous êtes totalement disposé à renforcer votre partenariat. Pouvez-vous nous en dire plus ?
H. G. : Dans cette vision globale que je viens de décrire, j’ai effectivement adressé une lettre au patron de la CNSS pour le solliciter afin de nous mettre autour d’une table et discuter sur ce dossier assez rapidement pour aller vers la conclusion d’une cotisation des pharmaciens.
Je ne manquerai pas encore une fois de rappeler que le secteur se porte mal. Le niveau d’activité est faible et bon nombre de pharmaciens sont dans une situation délicate en termes de rentabilité. Il est donc nécessaire pour nous d’avancer sur le chantier de l’AMO.