Le retard des pluies pousse les exploitants à différer les travaux de semis.
Sous l’effet de la hausse des coûts de production, les éleveurs passent par une période difficile.
Par C. Jaidani
Le spectre de la sécheresse continue de peser lourdement sur l’agriculture nationale. Les fellahs ont accueilli avec optimisme les pluies du mois d’octobre. Les apports en eau ont accéléré les travaux du sol et les préparatifs pour démarrer la campagne. Une dynamique inhabituelle a touché les souks hebdomadaires, surtout auprès des négociants de semences et autres intrants. Mais, actuellement, l’on note un retournement de tendance avec une absence des pluies. Pour les prochains jours, la météo annonce quelques intempéries localisées et à faible intensité dans certaines régions du Royaume. Pourtant, la deuxième quinzaine du mois de novembre est connue pour être pluvieuse.
«C’est une période importante pour assurer le lancement de la campagne agricole dans de bonnes conditions. Avec les pluies, il est plus facile de travailler la terre et assurer un bon emblavement. Suite aux années successives de sécheresse, le sol demeure assez solide et pas facile à travailler. De nombreux exploitants n’ont pas jugé opportun de lancer les opérations», souligne Redouane Haddaj, agriculteur de la région de Benslimane. Et d’ajouter que «plusieurs fellahs ont retardé les semis afin d’avoir plus de visibilité. Pour être efficaces et donner un bon rendement, ils doivent être suivis par un apport en eau adéquat, sinon le risque de déperdition des plantes est grand».
Bien qu’il ne soit pas encore tard pour la période des semis des céréales d’automne, puisqu’elle s’étale jusqu’au 15 décembre, un vent d’attentisme, voire d’inquiétude commence à s’installer dans le monde rural. Au niveau de l’arboriculture, de nombreux exploitants témoignent de l’effet néfaste de la sécheresse sur les récoltes. Les filières les plus touchées sont l’oléiculture et les agrumes.
Pour la première, malgré les restrictions imposées par le gouvernement concernant l’export de l’huile d’olive, les prix s’inscrivent dans des niveaux record. Le litre est négocié dans une fourchette entre 80 et 100 DH, soit une hausse en moyenne de plus de 30% par rapport aux années précédentes. Pour les agrumes, la qualité et le calibre des produits ont été impactés. Les prix sont, pour leur part, également en hausse par rapport à la normale. Au niveau de l’élevage, la situation devient très compliquée. En dépit des subventions allouées par l’Etat pour soutenir l’aliment de bétail, les exploitants n’arrivent toujours pas à joindre les deux bouts.
«Le prix de la viande rouge s’affiche toujours à des niveaux élevés. C’est un indicateur révélateur de la situation. Il se situe en moyenne entre 80 et 100 DH dans les villes et entre 65 et 80 DH dans les campagnes. Après Aïd Al-Adha, on s’attendait à un apaisement du marché compte tenu des importations. Cela montre que les problèmes de l’offre perdurent. De plus en plus élevé, le coût d’exploitation alourdit les prix à la consommation», affirme Mohamed Maskini, marchand de bétail. Et d’ajouter : «Le retard des pluies enregistré actuellement aggrave davantage la situation. Les parcours naturels ne sont pas encore disponibles pour réduire la pression sur l’aliment de bétail. Du coup, le marché continuera d’être perturbé».