◆ Il était en arrêt total pendant trois mois.
◆ La fermeture des CVT et des centres d’immatriculation a perturbé les transactions.
Par C. Jaidani
Contrairement au marché des véhicules neufs qui, malgré la crise sanitaire, a continué à fonctionner (en net ralentissement), celui de l’occasion était à l’arrêt total. Et pour cause, le gouvernement a décidé la fermeture des centres d’immatriculation et ceux des visites techniques (CVT) indispensables pour conclure les transactions.
Les opérateurs du secteur sont montés au créneau pour dénoncer leur situation jugée catastrophique. «Nous avons été marginalisés au moment où le gouvernement a reçu les responsables de toutes les activités impactées à qui il a été proposé des mesures de compensation. Nous avons des charges et des engagements à tenir et cette situation ne peut perdurer», souligne Driss Aït Ouguer, garagiste à Casablanca.
Le marché de l’occasion (VO) est, depuis plusieurs années, marqué par des performances remarquables. Le secteur enregistre trois fois le volume du neuf. En 2019, 530.000 unités ont été cédées, 500.000 en 2018, 450.000 en 2017 et 416.000 en 2016. Par rapport au marché du neuf qui a subi une régression, celui du VO est donc dans une dynamique de croissance notable.
Fortement dominé par l’informel, le nombre d’opérateurs n’est pas connu avec précision, mais ils demeurent toutefois très importants. «Plus de 95% du volume transitent par le circuit informel qui regroupe des centaines de personnes : samsars, intermédiaires, rabatteurs, professionnels des plaques d’immatriculation, tôliers, mécaniciens ou encore ferrailleurs pour remettre en l’état les véhicules. C’est tout un écosystème qui a été impacté», précise Hakim Raouf, intermédiaire à Casablanca.
Bien que le gouvernement ait décidé l’ouverture des centres d’immatriculation et de visites techniques, les opérateurs estiment que le niveau des ventes demeure en deçà de la moyenne normale.
«Le problème de notre secteur n’est pas lié au marché. L’offre et la demande existent, mais il est difficile de concrétiser les transactions. Les CVT et les centres d’immatriculation exigent un rendez-vous et leur capacité est déjà limitée. Déjà, en période normale, elle est saturée. Comment peuvent-ils combler un retard de plus de trois mois ?», s’interroge à juste titre Hicham Bennouna, DG de Global Occaz.
En effet, les CVT et les centres d’immatriculation sont débordés et leur nombre est insuffisant pour répondre à toutes les demandes. Plus de 850.000 visites techniques sont en instance et 250.000 citoyens attendent de recevoir leur carte grise ou leur permis de conduire.
D’aucuns se posent la question de savoir comment on pourra satisfaire toutes ces demandes et permettre aux automobilistes d’être conformes à la loi.
«Nous ne pouvons travailler au-delà de notre capacité, ni accélérer le rythme au risque de ne pas respecter les conditions de contrôle imposées», témoigne Hamid Cherradi, responsable dans un centre de visite technique à Had Soualem.
Certains professionnels ont affirmé que les mauvaises habitudes ont fait leur apparition en cette période de reprise. Il faut donner des pots-de-vin pour pouvoir passer la visite technique ou avoir satisfaction dans les centres d’immatriculation. Ils soulignent également qu’il est regrettable que les droits de transfert ne puissent pas être payés online pour le VO, alors qu’ils le sont pour le segment du neuf.