La capacité de production des bavettes et des désinfectants a été multipliée.
Un cluster a vu le jour pour favoriser les porteurs de projets innovants.
Par C. Jaidani
La pandémie a été source de défis sanitaires majeurs pour tous les pays dans le monde. Au Maroc, dès l’entrée en vigueur des mesures de précaution, notamment le confinement, le gouvernement a pris de nombreuses dispositions pour mobiliser le matériel médical nécessaire et les autres produits de prévention. Une course contre la montre a été lancée pour assurer à la population des bavettes et des gels hydroalcooliques en quantités suffisantes. Ainsi, une soixantaine d’usines de textile ont adhéré à l’opération de lutte contre le Covid-19. Leur capacité de production a pu atteindre 16 millions de masques par jour. En augmentant la cadence, le Royaume a pu non seulement satisfaire le marché local, mais aussi exporter vers plusieurs pays, essentiellement européens.
Pour les solutions hydroalcooliques, le Maroc était, au début de la pandémie, contraint d’importer une grande partie de ses besoins de l’étranger pour satisfaire la demande locale. La seule usine produisant l’éthanol, essentiel pour la fabrication des désinfectants, avait une capacité de 250 hectolitres par jour seulement. Mais très vite, de nouveaux sites ont vu le jour. Outre les masques et les désinfectants, des besoins urgents se sont fait sentir pour les autres équipements médicaux de secours et d’hospitalisation.
Ainsi, afin de renforcer l’écosystème industriel dédié au secteur de la santé, un protocole d’accord a été signé le 28 décembre 2021 pour la fabrication de dispositifs médicaux made in Morocco. En vertu de cet accord, le ministère de l’Industrie et du Commerce a mis ses programmes d’appui à l’investissement au service de l’accompagnement des porteurs de projets innovants en matière de protection de la propriété industrielle et intellectuelle. Il s’agissait aussi du développement de l’industrialisation et du sourcing local de ces produits. Il faut rappeler que le cluster médial (CM) compte 40 membres, dont notamment des départements ministériels, industriels, université et experts.
L’Association marocaine des groupes de santé (AMGS) s’est engagée à mettre à la disposition de ce CM et des porteurs de projets les infrastructures relevant de ses membres pour la réalisation des analyses et des essais sur les dispositifs médicaux innovants. Pour sa part, le CM a accompagné les porteurs de projets capables de répondre aux besoins du marché local dans le domaine des dispositifs médicaux et produits de santé.
«Le secteur des dispositifs médicaux offre un potentiel important de substitution, en raison de sa dépendance des importations à hauteur de 90% du CA du secteur. Cette stratégie nationale d’encouragement de l’innovation nationale dans le domaine de la technologie des produits de santé permettra de répondre au besoin national de plus en plus croissant en ces produits, de garantir la disponibilité et l’accessibilité aux soins pour toute la population, de promouvoir l’économie nationale, de créer l’emploi et de protéger le secteur de tous les circuits illicites de circulation des produits de santé au sein du territoire», avait souligné Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, lors de la signature de l’accord.
Pour sa part, Naoufal Lahlou, président de la Fédération marocaine de l’industrie de la santé (FMIS), a affirmé que «le dispositif médical est aussi vital que le médicament, au service du bien-être durable des patients. La crise sanitaire découlant du Covid en a attesté largement, qu’il s’agisse des consommables médicaux, d’équipements biomédicaux, de produits de laboratoire ou de services associés. Dans le contexte de la généralisation de la protection sociale, notre institution fédératrice se déploie à construire un meilleur paysage de la santé, notamment en interagissant constamment avec les politiques publiques».