Promotion de l'investissement : La team Maroc dans les starting-blocks

Promotion de l'investissement : La team Maroc dans les starting-blocks

◆ La nouvelle Charte de l'investissement et le Fonds Mohammed VI pour l'investissement, porte-étendard de la stratégie 2.0 du Royaume.

 

Par Adil Hlimi 

 

Tant attendue, la nouvelle Charte de l'investissement mise sur les rails fin 2022 n'a pas encore libéré son plein potentiel. Intervenant lors du Forum CDS tenu à Rabat le 8 février et consacré à «l’Investissement et au rôle de l’Etat territorial», le ministre chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'Évaluation des politiques publiques, Mohcine Jazouli, a annoncé que le décret permettant le déploiement des IDE marocains à l'étranger

sera publié dans un horizon de 6 mois, alors que celui dédié à la facilitation de l'investissement des PME est prévu dans les 12 mois. Il faut dire que depuis l'adoption de la Charte de l’investissement, un seul décret a été publié. 

Il est relatif aux chantiers stratégiques dans le Royaume et concernent des projets pour lesquels les tickets sont supérieurs à 2 Mds de dirhams. Pour Jazouli, cette composante de la charte est essentielle pour drainer des investissements colossaux qui échappent au Maroc au profit de pays concurrents. Les deux autres décrets attendus permettront, d'une part, de faciliter l'investissement des entreprises marocaines à l'international, avec la condition de ne pas détruire de la valeur et les emplois au Maroc.

D’un autre côté, le dispositif relatif aux PME a pour but de créer des primes facilitant l'environnement des affaires à cette catégorie d'entreprises, avec une dimension sectorielle et territoriale.

Amélioration du climat des affaires 

Talon d'achille de la stratégie du Royaume pour faire éclore l'investissement privé, l'amélioration du climat des affaires est un sujet désormais recentré sur l'essentiel pour gagner en efficacité, selon Jazouli. C'est d'ailleurs un axe de la nouvelle Charte de l'investissement. Il s'agit principalement de simplifier les procédures, faciliter l'accès au foncier, renforcer la compétitivité logistique et l'accès au financement ou encore la promotion de l'énergie verte, la formation adaptée, etc....

L'autre relais de l'Etat pour booster l'investissement est le Fonds Mohammed VI. Ce fonds, dont l'un des objectifs est d'attirer des investisseurs locaux et étrangers vers l'économie productive en fonctionnant comme un fonds de fonds, est lui aussi en cours d'opérationnalisation.

Bien que les taux d'intérêts en hausse ne facilitent pas la tâche du fonds, avec des investisseurs de plus en plus exigeants en matière de rendement. Mais cela ne devrait pas ralentir le calendrier du fonds.

Intervenant lors du Symposium, le Directeur général du Fonds,  Mohamed Benchaaâboun, a annoncé que la stratégie adoptée sera dévoilée lors du Conseil d'administration prévu fin février, le deuxième du genre  depuis le début de l’opérationnalisation du fonds.

Ce Conseil sera aussi l'occasion d'arrêter la méthodologie de sélection des sociétés de gestion qui seront chargées de gérer les sous-fonds de ce fonds. En outre, Benchaâboun a promis que les premières opérations sont prévues dans les quelques semaines ou mois à venir. Il insiste sur l'importance de coordonner l'action du secteur public dans le domaine de l'investissement pour atteindre les 550 Mds de dirhams d'investissements prévus à horizon 2027.

Relance de l'investissement : Le plaidoyer de Abdellatif Jouahri

Pour le Wali de Bank Al-Maghrib, qui témoignait du contexte trouble que traverse l'économie mondiale cette année, «l’année en cours devrait être l’une des plus difficiles pour l’économie mondiale depuis le début du millénaire. Le décalage entre les rythmes de reprise de la demande, après la levée des restrictions sanitaires, et de l’offre, ainsi que les difficultés logistiques se sont traduits par des perturbations des chaînes d’approvisionnement et une flambée des prix. Cette dernière a été par la suite exacerbée par le renchérissement des produits énergétiques et alimentaires induit par le conflit en Ukraine et les sanctions imposées à la Russie».

Selon les dernières projections de BAM, la croissance économique aurait été faible en 2022, se situant à 1,1%, et devrait ressortir autour de 3% au cours des deux prochaines années. 

Avec une progression démographique de près de 1%, il est difficile d’envisager, si de tels rythmes de croissance se maintiennent, une amélioration tangible des niveaux de vie même à moyen terme. D’ailleurs, tous les classements internationaux le confirment, en particulier celui en matière de développement humain, qu’on peut certes critiquer sur certains volets, mais force est d’admettre que le Maroc stagne au-delà de la 120ème position depuis au moins une dizaine d’années. 

«C’est un constat frustrant au regard de la volonté affichée et de l’effort de réforme et d’investissement économique et social que déploie notre pays depuis de longues années», s'est désolé le Wali. 

Jaouhri pointe du doigt certains dysfonctionnements comme le taux de chômage structurellement élevé à cause d'une croissance insuffisante pour embarquer tout le monde, mais aussi le poids de l'informel. «Pour résumer ces constats, je dirais que le Maroc consent un effort d’investissement important et constant, mais qui donne lieu jusqu’à présent à une croissance économique insuffisante, en tendance baissière, avec un contenu en emploi de plus en plus faible et dont les retombées ne profitent pas de la même manière à toutes les régions», explique-t-il. 

 

 

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