Par R. K. H.
Peintre qui a taillé des œuvres d’une belle eau, homme politique pétri de principes intransigeants, inspirateur exigeant d’événements culturels dateurs, Mohamed Melehi était et restera indubitablement une figure emblématique de notre citadelle culturelle. Le 28 octobre 2020, un ange passe pieds nus; il atteignit les cimes éternelles. Melehi entra en peinture avec zèle et ferveur en multipliant les styles, en variant les expériences, en échappant résolument à toute tentative d’étiquetage réducteur.
Ses débuts furent marqués par son choix délibéré de la monochromie (peinture en noir sur noir). Entre 1956 et 1964, sa peinture prit un tournant : les formes géométriques étaient traitées par association de couleurs. Durant la décennie 70, il ancra son art dans la dramaturgie des éléments naturels: eau, terre, feu, air. Par la suite et sans crier gare, il bifurqua vers la peinture cellulosique sur des panneaux de bois : une technique quasiindustrielle.
A partir des eighties, on vit flotter sur les crêtes des vagues des signes identitaires, tels que le croissant lunaire et des formes calligraphiques. En 1992, il revient à ses premières amours : la toile et la peinture à l’huile.
Soit, ces vagues qui jaillissent tumultueusement, constituent, sans aucun doute, son label… «L’exposition ‘Face à Melehi’ met en lumière (son) rôle déterminant aux côtés d’autres artistes à inventer une modernité artistique marocaine au lendemain de l’indépendance du pays (…), créant ainsi une rupture avec un enseignement conventionnel vers une expression abstraite et non-figurative», lit-on dans la fiche de présentation.
*L’exposition temporaire est à retrouver au premier étage du Palace Es Saadi.