Par Amal Bourquia (*)
Le coronavirus se propage principalement d'une personne à l'autre et, lors de cette pandémie, les personnes âgées et les personnes porteuses de maladies chroniques et celles sous dialyse sont apparues plus à risque d’être infectées et de développer une maladie plus grave du coronavirus. Ces patients avec une maladie chronique présentent souvent de nombreux facteurs de comorbidité les rendant encore plus fragiles.
Des mesures de prévention, de protection, de dépistage, d'isolement sont essentielles dans la gestion de la pandémie et doivent être prises très au sérieux pour protéger ces patients. Une bonne sensibilisation pour s’assurer que les malades ont bien intégré ces mesures est indispensable.
Ces malades peuvent présenter des pathologies très diversifiées qui vont du cancer, des maladies hématologiques malignes, aux insuffisances d’organes et une transplantation d’organes à certaines maladies rares comme la trisomie 21.
De nombreuses pathologies qui rendent très vulnérables et peuvent développer des formes plus graves de la maladie. Une étude récente d’une grande ampleur en France, portant sur l’ensemble de la population, avait pour but d’identifier les maladies chroniques et les facteurs tels que l’âge ou le genre susceptibles de présenter un sur-risque d’hospitalisation ou de décès pour la Covid-19. Elle a permis d’effectuer une estimation précise des risques que fait courir le virus aux patients ayant des maladies chroniques, qu’elles soient courantes ou moins fréquentes.
Ainsi, elle a permis d’analyser le lien entre 47 maladies chroniques et le risque de développer une forme sévère de l’infection par le virus Covid-19. Cette étude a été réalisée à partir d’une des plus vastes cohortes jamais réalisées en population générale, portant sur la première vague de l’épidémie s’étendant du 15 février au 15 juin 2020.
Les résultats de l’étude confirment que les personnes âgées sont de loin les plus fragiles face à la Covid-19 et soulignent que la quasi-totalité des affections chroniques est associée à des risques accrus d’hospitalisation et de décès pour la Covid-19. L’étude révèle notamment que la quasi-totalité des affections chroniques est associée à des risques accrus d’hospitalisation et de décès pour la Covid-19. Les patients les plus vulnérables face à ce virus sont ceux souffrant de pathologies chroniques fréquentes.
Viennent en tête l’insuffisance rénale chronique terminale sous dialyse (4 fois plus de risque d’hospitalisation et 5 fois plus de risque de décès), le cancer actif du poumon (3 fois plus de risque d’hospitalisation et 4 fois plus de risque de décès), ainsi que la transplantation rénale (5 fois plus de risque d’hospitalisation et 7 fois plus de risque de décès) et la transplantation du poumon (3 fois plus de risque d’hospitalisation et 6 fois plus de risque de décès). Ensuite, ceux souffrants de pathologies plus rares : la trisomie 21 (7 fois plus de risque d’hospitalisation et 23 fois plus de risque de décès), le retard mental (4 fois plus de risque d’hospitalisation et 7 fois plus de risque de décès) et la mucoviscidose (4 fois plus de risque d’hospitalisation).
Par ailleurs, une équipe de Corée a récemment examiné 9.878 études de cas et a mené une méta-analyse sur des articles sur la Covid-19. Cette étude a découvert que les maladies cardiovasculaires et leurs facteurs de risque, à savoir l'hypertension artérielle et le diabète, étaient étroitement liés aux issues fatales de la Covid-19 pour les patients de tout âge. Elle révèle aussi que les jeunes patients présentant des facteurs de risque de maladies cardiovasculaires avaient un risque plus élevé d'issue fatale après une infection à la Covid-19 que les patients âgés. De plus, lorsqu'il y avait des facteurs de risque cardiovasculaire, l’hypertension artérielle et le diabète, et des maladies cardiaques, les patients de moins de 50 ans étaient deux fois plus susceptibles d'avoir une maladie grave et plus de décès que ceux de plus de 60 ans.
De nouvelles preuves montrent aussi que les adultes atteints de diabète ont un risque plus élevé de syndrome de détresse respiratoire, de pneumonie et d'autres complications. Lorsqu'ils sont hospitalisés pour la Covid-19, les adultes diabétiques sont presque trois fois plus susceptibles de mourir que les adultes qui ne sont pas atteints de diabète. Tous ces résultats montrent que les personnes âgées, mais aussi les jeunes patients atteints de comorbidités sont très vulnérables à l'infection Covid-19, et que la plupart des décès de la Covid-19 étaient des patients atteints de maladies chroniques.
D’ailleurs, la majorité des pays s'appuie sur la liste des maladies à risque accru comprenant le cancer, la maladie rénale chronique, la maladie pulmonaire obstructive chronique, les maladies cardiaques, la transplantation d'organes. Il y a moins de données sur l’obésité, un facteur de risque de forme grave repéré tôt après l’apparition de l’épidémie. Outre les plus âgés actuellement audelà de 60 ans, les personnes présentant des pathologies chroniques, quel que soit leur âge, sont considérées à risque et pourront se faire vacciner contre la Covid-19. Il a fallu attirer l’attention sur ces personnes malades chroniques pour qu’ils deviennent prioritaires.
En incluant les personnes atteintes de maladies chroniques dans la liste de vaccination prioritaire, les responsables voudraient tenter de réduire le taux de mortalité. L’espoir est aussi que ces mauvais résultats peuvent être évités avec cet accès prioritaire au vaccin, une avancée importante dans notre pays sur le chemin de la protection de ces patients.
(*) : Amal Bourquia, professeur de médecine, spécialiste en néphrologie et néphrologie pédiatrique, experte en éthique et communication médicales, essayiste, Heath consulting, présidente de l’association REINS, auteur de nombreux ouvrages- amal.bourquia@gmail. com, www.amalbourquia.com.