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«Les franchises et commerces ont perdu 50% de leur chiffre d’affaires annuel»

«Les franchises et commerces ont perdu 50% de leur chiffre d’affaires annuel»

► Les secteurs qui ont le plus souffert de la crise, sont la restauration et le prêt-à-porter qui ont dû faire face à un arrêt total de leurs activités.

► La loi de Finances rectificative a relevé le droit d’importation de 30 à 40% sur des produits finis de consommation. Cela risque de créer l'inflation et impacter autant les clients que les propriétaires de commerce, estime la Fédération marocaine de la franchise et commerces (FMF).

► Entretien avec Mohamed Elfane, président de la FMF.

 

- En termes d'activités, à combien sont estimées les pertes des franchises au Maroc suite à la crise de la Covid-19 ?

La plupart des franchises et commerces au Maroc ont essuyé de lourdes pertes de leur chiffre d’affaires à cause de l’arrêt de leurs activités, suite aux directives du ministère de l’Intérieur. Depuis le début du confinement jusqu’au 1er juillet, les franchises et commerces ont perdu près de 50% de leur chiffre d’affaires annuel. Si l’état des choses actuel se poursuit, les commerces tablent sur près de 65% de pertes en termes de chiffre d’affaires annuel d’ici le 30 septembre 2020.

- Du côté des franchises toujours, quel est le secteur qui a le plus pâti de la crise ?

Les secteurs qui ont le plus souffert de la crise, sont la restauration et le prêt-à-porter qui ont dû faire face à un arrêt total de leurs activités. Le prêt-à-porter a réussi à conserver 10 à 20% de son chiffre d’affaires grâce au e-commerce, auprès de certaines marques.

- Les droits d'amendement de la Loi de Finances rectificative ont créé un débat auprès des opérateurs des franchises. Concrètement, quels sont les mesures considérées comme dommageables pour vos activités ?

- La Loi de Finances rectificative a relevé le droit d’importation de 30 à 40% sur des produits finis de consommation. Cela risque de créer l'inflation et impacter autant les clients que les propriétaires de commerce. La FMF trouve cette mesure contraignante, tant pour le consommateur que le producteur, surtout dans une crise marquée par une baisse du pouvoir d’achat.

- Quels impacts, selon vous, auraient lesdites mesures sur l'activité des franchises ?

Dans la LFR 2020, il y a eu une augmentation des droits d’importation applicables à certains produits finis de consommation de 30à 40%, et ce dans la limite des taux consolidés par le Maroc au niveau de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

L’Etat souhaite à travers cette décision de relever le droit d’importation pour protéger les industries locales et soulager les réserves de change. Or, elle risque de peser lourd sur les entreprises mais aussi sur le pouvoir d’achat des citoyens, puisque nous ne produisons pas tous les produits de consommation au Maroc.

- Quelles sont aujourd'hui vos requêtes afin d'éviter la crise ?

Les requêtes de la FMF pour sortir de la crise sont diverses, à savoir :

  • Gérer la problématique des loyers, à travers la suspension des procédures exécutoires pour une durée de 12 mois, ainsi que la prise en charge équitable des loyers entre bailleurs privés et gérants d’entreprises durant cette période, par le gérant d’entreprise ou inciter les assurances à mettre en place une indemnité locative.

  •  Réviser le paiement et la révision du mode de calcul des taxes locales (taxe professionnelle, taxe de services communaux, taxe d’enseigne, taxe sur les débits de boissons...). Nous avons également demandé un abattement de 50% des taxes dues, entre 2020 et 2021, ainsi que l’accélération de la mise en œuvre des réformes de l’administration.

  •  Alléger les conditions d’octroi des garanties de financement dans le cadre du dispositif Damane Relance, pour les rendre accessibles à un plus grand nombre d’entreprises, notamment les sociétés avec impayés (et hors contentieux).

  • Relever de 41 ans à 51 ans l’âge d’accès au programme Intelaka et faire en sorte qu’il concerne non seulement les entreprises et les autoentrepreneurs qui souhaitent démarrer leur activité, mais également celles et ceux dont l’activité a été impactée par la crise liée à la pandémie.

  •  Opérer un report des indemnités CNSS et / ou un abattement de 50% des cotisations de l’année 2020, relatives aux salaires supérieurs à 5.000 DH.

  • Instaurer une exonération ponctuelle sur le butoir de TVA sur les investissements sur une période de 2 années à partir du 1er juillet 2020.

- Quelles sont les difficultés que vous rencontrez à la reprise de l'activité ?

Nous rencontrons plusieurs difficultés, dont celles de trésorerie. Pour plusieurs entreprises, l’arrêt de l’activité pendant 4 mois a mis les fonds à sec, et la reprise au ralenti ne facilite pas les choses. Je cite également des difficultés de ressources humaines, car moralement, les salariés ne sont pas au meilleur de leur forme.

La plupart d’entre eux ont été peu ou pas indemnisés. Il s’agit aussi, pour les entreprises, d’assurer la préservation de l’emploi.

loyer est aussi une grande difficulté actuellement, puisque les bailleurs font pression sur les franchises et commerces pour avoir leur dû.  De plus, les entreprises n’ont pas de visibilité sur le prochain trimestre, ce qui est inquiétant.

 

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