En tant que membres du parlement marocain, nous voudrions attirer votre attention sur le fait qu’une bonne partie de l’aide de l’union européenne, à destination des réfugiés Sahrawi des camps de Tindouf, est suspectée d’être détournée par des officiels du front du Polisario, avec l’aide possible d’officiers de l’armée algérienne, et est vendue au marché noir.
Cette suspicion a été confirmé en 2015 par un rapport du « Bureau européen de lutte contre la fraude » et plus récemment à travers une audition et des questions de nos collègues eurodéputés à la commission DEVE du Parlement européen à Bruxelles.
Ces révélations ne font que confirmer un pattern de fraude aux aides par le Polisario, avec l’aide de l’Algérie, comme rapporté par plusieurs sources aux Etats Unis et ailleurs, au court des deux dernières décennies.
En tant que parlementaires, nous sommes troublés par ces activités illégales. L’aide humanitaire est destinée à une population qui vit dans des conditions très difficiles aux camps de Tindouf, sous un contrôle sévère du front du Polisario et de l’armée algérienne. Le « Programme alimentaire mondial » fournit quotidiennement 134 000 rations de nourriture, mais des rapports sur le terrain et des images aériennes des camps montrent que le nombre de réfugiés ne devrait pas dépasser les 60 000 ou 70 000. Le seul moyen de vérifier cela, serait que l’Algérie assume ses responsabilités en vertu de la Convention de Genève (1952) et procède à l’identification et au recensement de la population de refugiés , comme demandé solennellement par le conseil de sécurité de l’ONU dans son rapport annuel (aujourd’hui semestriel) concernant le Sahara. Le « Haut commissariat des réfugiés » et autre entités internationales ont aussi demandé à ce que les réfugiés Sahrawi soient recensés et identifiés, mais en vain.
L’Algérie est la seule partie responsable sur le bien être des refugiés Sahrawi sur son sol. La délégation de la gestion des camps à un prétendu mouvement de libération est illégale et inacceptable en vertu du droit international. Ce dernier, à travers la Convention de Genève, est clair concernant le droit des refugiés à être identifiés, libres de circuler dans le pays qui les accueilles, de s’engager dans une activité lucrative, et être capable de s’installer dans un tiers pays s’ils le souhaitent (incluant le Maroc, leur pays natal). Tout ces droits sont refusés aux refugiés Sahrawi par l’Algérie dans une violation flagrante du droit international.
Par conséquent, en tant que parlementaires, aussi préoccupés que vous par le bien-être des réfugiés et leurs droits, mais aussi par le sort d’une aide humanitaire rare, nous vous demandons de prendre les mesures que vous jugez nécessaires, en vertu de votre règlement interne et votre rôle en tant que parlement européen, pour inciter l’Algérie à assumer ses responsabilités et appliquer la convention de Genève aux camps de réfugiés Sahrawi, à savoir, cesser la délégation de la gestion des camps au front du Polisario, identifier les réfugiés et arrêter de les entreposer, leur permettant une libre circulation et la liberté de s’installer n’importe où en Algérie ou dans un autre pays. Le gouvernement Algérien devrait également permettre une investigation indépendante concernant les allégations de fraude à l’aide humanitaire et prendre les mesures nécessaires pour restituer l’aide humanitaire volée, et punir les coupables.
Le trafic d’aide humanitaire et d’armes de guerre, tout comme la circulation d’argent entre différents groupes actifs au grand Sahara et au Sahel (incluant des éléments du Polisario) engagés dans l’immigration clandestine et le trafic de narcotiques, kidnapping, actes de terrorisme, et conflits ethniques, devraient êtres des préoccupations sérieuses pour nous tous.
Vous serez d’accord M le président, que l’Europe et les pays nord-africains ne peuvent pas rester les bras croisés, et voir encore un autre facteur déstabilisant ( à savoir le vol d’aide humanitaire) s’ajouter à la situation explosive au grand Sahara et la région du sahel.
Nous sommes confiants, en tant que collègues du Maroc, un pays engagé dans un dialogue politique avec l’Union européenne, et lié avec l’Europe par une multitude d’instruments de partenariats diversifiés, et préoccupés par la sécurité et le bien-être du bassin méditerranéen et la région du Sahel, que vous allez comprendre nos inquiétudes, et prendre les mesures nécessaires pour établir la vérité et rendre justice sur ce dossier.
Nous attendons avec impatience vos commentaires sur cette question importante, ainsi que les mesures que vous prendrez pour y remédier. Nous exprimons également notre volonté de collaborer avec vous pour aider à mettre la lumière sur le sujet et à prendre les bonnes mesures pour le résoudre
Dr. Noureddine Mediane, Président du Groupe Istiqlaien, Chambre des Représentants, Parlement marocain.
Mr. Moulay Hamdi Oueld Rachid, Membre de la Commission des Affaires Etrangères, Chambre des Représentants, Parlement marocain.
Dr. Lahcen Haddad, Membre de la Commission des Finances, Chambre des Représentants, Parlement marocain.
Dr. Allal Amraoui, Membre de la Commission des Affaires Etrangères, Chambre des Représentants, Parlement marocain.