Après une décennie d’investissements structurants et de réformes ayant dynamisé l’économie des provinces du sud, la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU soutenant le processus politique fondé sur le plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007 vient y mettre un coup d’accélérateur.
Par Désy. M.
«Il y aura un avant et un après 31 octobre 2025», a dit le Roi Mohammed VI juste après l’adoption de la résolution 2797 du Conseil de sécurité des Nations unies reconnaissant la proposition marocaine d’autonomie comme la base «sérieuse, crédible et réaliste» pour parvenir à une solution politique au différend du Sahara.
Ce virage agrandit inévitablement le boulevard d’opportunités économiques pour les provinces du Sud. Porté depuis dix ans par le Nouveau modèle de développement des provinces du sud lancé en 2015, cette région s’impose désormais comme un pôle économique stratégique reliant le Maroc à l’Afrique. De Laâyoune à Dakhla, les chantiers royaux, les infrastructures de nouvelle génération et les investissements tant locaux qu’étrangers redessinent un paysage économique que la résolution 2797 vient définitivement légitimer.
Près de 100 milliards de dirhams d’investissements publics et privés ont été mobilisés, déboursés et concrétisés pour transformer le territoire, renforcer sa connectivité, et développer ses compétences locales en vue de poser les jalons indispensables pour attirer des investisseurs étrangers et créer des opportunités d’emplois. Le résultat de cette dynamique est tangible et a permis une création de richesse importante.
Le PIB régional a doublé en dix ans, passant de 15 à 30 milliards de dirhams, avec un taux de croissance annuel moyen de 7%, supérieur à la moyenne nationale. Selon les chiffres de la CNSS, aujourd’hui près de 5.000 emplois ont été créés et déclarés au niveau de la région de Laâyoune-Sakia El Hamra. Et selon les autorités de ladite région, l’objectif est d’atteindre les 6.000 emplois grâce notamment à l’implantation de grands projets à forte valeur ajoutée, à l’instar du vaste programme de Phosboucraa qui contribuera significativement à la compétitivité économique de la zone.
Les provinces du Sud sont aujourd’hui connectées par un réseau routier moderne de plus de 4.000 kilomètres, dont la voie express Tiznit-Dakhla, véritable épine dorsale économique et sociale. Cette infrastructure, longue de 1.100 kilomètres pour un coût total de près de 10 Mds de DH, a réduit de moitié les temps de trajet et ouvert de nouvelles perspectives d’intégration économique. Plus de 2,5 millions de citoyens des diverses provinces du sud en seront bénéficiaires.
«Les provinces du Sud connaissent un rebond significatif en matière de développement et vivent au rythme d’un important décollage économique à la faveur de plusieurs projets d’envergure», a affirmé le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, soulignant que cette transformation s’inscrit dans la continuité d’une vision royale volontariste et inclusive.
Un sceau politique au service du développement
Au-delà de sa portée diplomatique, la résolution 2797 consacre une réalité économique déjà en marche. Pour l’économiste Hassan Edman, «l’autonomie désormais explicitement reconnue comme cadre de gouvernance pour ces provinces pourrait générer un nouvel élan économique, d’abord dans les provinces du Sud, puis dans l’ensemble du pays».
Cette reconnaissance internationale de la souveraineté marocaine offre un climat de confiance propice à l’investissement. Elle devrait, selon l’expert, consolider l’engagement des investisseurs déjà implantés et aussi encourager l’implantation de nouveaux acteurs étrangers dans des secteurs critiques : énergies renouvelables, logistique atlantique, agriculture durable, valorisation halieutique ou encore industrie verte.
L’autonomie économique élargie des régions du Sud leur permettrait, poursuit-il, de concevoir des projets adaptés à leurs spécificités telles que les ressources marines, le climat désertique et la position géostratégique qui en font des hubs naturels pour le commerce africain et les chaînes de valeur régionales.
Les grands chantiers déjà engagés prennent une résonance nouvelle. Le port Dakhla Atlantique, avec ses 13 milliards de dirhams d’investissement, illustre cette ambition d’ouverture sur le continent. Il sera un pivot de la logistique atlantique et de l’industrie maritime, renforçant la vocation africaine du Maroc. Les projets d’hydrogène vert et d’énergies renouvelables, représentant à eux seuls plus de 36 milliards de dollars d’investissements, ancrent les provinces du Sud dans la transition énergétique mondiale.
Les parcs éoliens et solaires de Laâyoune, Dakhla et Guelmim, intégrés au Plan électrique 2025-2030, visent une capacité dépassant 1.400 MW, faisant du Sud un laboratoire de décarbonation et d’innovation industrielle.
Dans l’agriculture, 55 projets totalisant près de 5 milliards de dirhams favorisent la sécurité alimentaire et la valorisation des ressources hydriques, à l’image de l’usine de dessalement d’eau de mer à Dakhla, pionnière dans la mobilisation d’eaux non traditionnelles. La pêche maritime, secteur historique, connaît également une montée en puissance grâce à la modernisation des ports de Sidi Ifni, Tarfaya, Laâyoune et Boujdour et à la valorisation industrielle de la filière halieutique.
Vers une gouvernance régionale renforcée
La résolution onusienne ouvre la voie à une régionalisation économique élargie. Les autorités locales disposeront d’une marge de manœuvre accrue pour gérer leurs ressources, développer des partenariats et innover dans les politiques publiques. Cette nouvelle phase exige cependant, comme le rappelle Hassan Edman, «une harmonisation entre autonomie régionale et cohérence nationale», afin d’éviter les disparités ou la fragmentation territoriale. L’enjeu sera de consolider la formation, la recherche et le capital humain pour accompagner les secteurs émergents.
Les Cités des métiers et des compétences implantées dans les provinces du Sud préparent déjà une génération formée aux technologies de l’industrie 4.0 et aux métiers des énergies vertes. Avec l’ancrage de la souveraineté reconnue par la communauté internationale, les provinces du Sud deviennent plus que jamais la vitrine d’un Maroc moderne, productif et tourné vers l’Afrique. Elles incarnent désormais le cœur d’un corridor de croissance Nord-Sud, où se conjuguent stabilité politique, attractivité économique et durabilité. La résolution 2797 ne marque donc pas un aboutissement, mais une nouvelle étape : celle d’une prospérité assumée, partagée et inclusive, scellée par la vision royale et portée par la confiance retrouvée des investisseurs.