Sécheresse: panne sèche

Sécheresse: panne sèche

Revenons sur les objectifs ambitieux fixés dans le cadre du nouveau modèle de développement, dont le rapport a été publié en 2021. Parmi eux, il y a le doublement du produit intérieur brut par habitant à horizon 2035, une maîtrise des apprentissages de base à la fin du cycle primaire par plus de 90% des élèves, l’augmentation du nombre de médecins par habitant pour atteindre les normes de l’OMS, la réduction à 20% de la part de l’emploi informel, l’élargissement du taux de participation des femmes à 45%, contre 22% en 2019, un taux de satisfaction des citoyens envers l’Administration et les services publics de plus de 80%.

Intéressons-nous maintenant au tout premier objectif, à savoir le doublement du PIB par habitant à l’horizon 2035. Le Maroc est-il vraiment capable d’y parvenir ? Il ne s’agit pas d’être pessimiste, mais la structure actuelle de l’économie nationale autorise à émettre de sérieux doutes. Car cet objectif exige au Royaume d’atteindre un nouveau palier de croissance, laquelle doit se situer à un rythme moyen annuel supérieur à 6%. Autrement dit, il s’agit en gros de réaliser pendant 14 ans, au moins un taux de croissance de 6%.

Déjà, pour l’exercice 2022, tout est compromis. D’abord, le «petit» 3,2% sur lequel tablait le gouvernement, est loin de l’ambition véhiculée par le nouveau modèle de développement. Ensuite, même ce niveau de croissance, qui ne permet guère de résorber le chômage endémique, ne sera probablement pas réalisé. Parce que l’économie marocaine est confrontée au fléau structurel qu’est la sécheresse, qui devient de plus en plus récurrente et sévère, notamment avec le changement climatique. Pour un pays où l’agriculture est le moteur de la croissance, c’est donc évidemment problématique, d’autant que le PIB non agricole, même s’il se développe à la faveur des métiers mondiaux du Maroc, n’arrive pas à combler la régression du PIB agricole lors des périodes de sécheresse, comme cette année qui voit la campagne agricole largement compromise.

Actuellement, c’est la panne sèche. Plusieurs barrages sont… assoiffés, certains ayant même atteint leur plus bas historique. Alors, un taux de croissance moyen annuel supérieur à 6% à l’horizon 2035, est-ce une ambition réaliste ou simplement une vue de l’esprit ? Tant que l’économie nationale restera autant tributaire de l’agriculture, et donc des précipitations, cette ambition restera, à coup sûr, une simple clause de style.

 

 

Par F. Ouriaghli

 

 

 

 

 

 

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