Par David William, directeur des rédactions
La rentrée sociale 2019 s’annonce pour le moins chaude pour le gouvernement. Les syndicats sont d’ores et déjà sur le qui-vive et aiguisent leurs couteaux. Pas question, pour eux, de se laisser avoir par le gouvernement.
L'Union marocaine du travail (UMT) et la Confédération démocratique du travail (CDT) ont déjà décoché leurs premières flèches, augurant ainsi d’un dialogue social sous haute tension.
Les leaders de ces deux syndicats ont ainsi choisi la MAP… pour s’adresser au gouvernement et mettre en orbite leurs revendications prioritaires.
Si pour Miloudi Moukharik, président de l’UMT, les principaux dossiers restent circonscrits autour de la généralisation des augmentations, l’allègement du fardeau fiscal des familles, le rejet «catégorique» du projet gouvernemental relatif à la loi sur la grève, en plus du respect des libertés syndicales, du côté du secrétaire général de la CDT l’on ratisse beaucoup plus large. Abdelkader Zayer compte en effet militer pour un dialogue national sur l'ensemble des dossiers et un texte de compromis concernant la loi sur la grève.
Cette posture est d’ailleurs à l’image de la «radicalité» dont a fait preuve la CDT le 25 avril dernier, seul syndicat à avoir refusé de signer l’accord entre le gouvernement et les partenaires sociaux.
Là où le dialogue social risque cependant de se muer en dialogue de sourds, c’est au niveau de la hausse du pouvoir d’achat des ménages. Il semble en effet bien difficile pour le gouvernement de souscrire aux augmentations de salaires et autres allègements fiscaux demandés par les centrales syndicales.
Rappelons, à ce titre, l’effort financier déjà consenti par l’Exécutif : le coût global de l'accord issu du dialogue social s'élève à 14,5 milliards de dirhams, dont 1,2 milliard consacré à l'augmentation des salaires et des allocations familiales des fonctionnaires des collectivités locales.
Le gouvernement pourra-t-il faire davantage compte tenu des contraintes budgétaires ? Pas sûr.
Mais le dialogue social va néanmoins continuer, comme l’a exigé le Roi. Sauf qu’il ne s’agira pas de multiplier les rencontres cosmétiques, mais plutôt de tenter de trouver des compromis en évitant les positions rigides.
Et quand pour Abdelkader Zayer «ce gouvernement est dépourvu de la culture du dialogue, contrairement à ce qu’il prétend», on peut d’ores et déjà
dire que c’est très mal barré. ◆