Palestine : Rabat remet les pendules à l’heure

Palestine : Rabat remet les pendules à l’heure

Il y a des principes qui ne souffrent ni l'usure du temps, ni les aléas géopolitiques. La position du Maroc sur la question palestinienne en fait partie. Inlassablement, avec la constance du métronome, Rabat réitère son engagement indéfectible envers les droits légitimes du peuple palestinien, et ce sous la vision éclairée du Roi Mohammed VI, Président du Comité Al-Qods.

Lors du sommet extraordinaire de la Ligue arabe au Caire qui s'est tenu mardi dernier, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a rappelé, sans fioritures, que pour le Maroc, la cause palestinienne est une ligne de crête sur laquelle il ne transigera jamais. Car pendant que certains pays arabes, empêtrés dans leur arithmétique politicienne, cherchent à ménager la chèvre et le chou, le Maroc, lui, n’a pas ce genre d’états d’âme.

Sa position est claire : Gaza et la Cisjordanie sont des territoires palestiniens et, à ce titre, il appartient exclusivement au peuple palestinien et à son Autorité légitime d’en déterminer l’avenir. Une évidence qui, pourtant, semble échapper à certaines puissances qui se rêvent encore en administrateurs de fortune de ce petit territoire meurtri qu’est Gaza.

Dans ce contexte, la proposition farfelue du président Donald Trump, qui suggérait une prise de contrôle américaine de Gaza et l’expulsion de sa population vers l’Egypte et la Jordanie, a été accueillie avec la froideur qu’elle méritait. N’en déplaise au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui y voit une «opportunité révolutionnaire», les pays arabes ne sont pas dupes et le Maroc encore moins. Ainsi, au-delà du rejet des solutions absurdes, la diplomatie marocaine met l’accent sur une feuille de route réaliste.

Avant de penser à la reconstruction de Gaza, chiffrée à plus de 53 milliards de dollars selon l’ONU, encore faut-il consolider le cessez-le-feu, permettre l’acheminement de l’aide humanitaire et créer un cadre politique apaisé. L’erreur serait de se focaliser uniquement sur Gaza et d’oublier que la colonisation rampante en Cisjordanie et les violations du statut d’Al-Qods continuent de s’aggraver. C’est justement là que le Maroc, via l’Agence Bayt Mal Al-Qods Acharif, joue un rôle déterminant pour renforcer la résilience des Palestiniens. Et si l'on écoute certains dirigeants israéliens, la paix ne pourrait advenir qu’au prix d’une «démilitarisation totale de Gaza».

Autrement dit, un désarmement du Hamas, dont la réponse est sans appel : «c’est une ligne rouge non négociable». On se retrouve donc dans une situation de tension extrême, où toute erreur ou imprudence risque de faire capoter l’accord de cessez-le-feu déjà fragile. Pendant ce temps, les civils trinquent, l’aide humanitaire est bloquée et la catastrophe humanitaire s’aggrave. Mais que faire alors ? Une chose est sûre : la paix ne peut être imposée par le plus fort; elle doit être le fruit d’un consensus juste et durable. Pas d’expulsion, pas de décisions unilatérales, pas d’arrangements taillés sur-mesure pour satisfaire les intérêts d’un seul camp. Une paix sincère, qui repose sur la reconnaissance mutuelle et le droit des Palestiniens à un Etat viable et souverain.

Mais Netanyahu veut-il vraiment la paix ? Pas sûr. Fort de ses alliances et de son appui inébranlable de Washington, il croit pouvoir imposer ses conditions par l’usure et le fait accompli. Mais l’histoire nous enseigne que les solutions qui n’intègrent pas les aspirations légitimes des peuples finissent toujours par voler en éclats. Ce sommet extraordinaire du Caire aura au moins permis de remettre les pendules à l’heure : les pays arabes ne cautionneront pas des plans bancals qui ne tiennent compte ni des droits historiques des Palestiniens, ni des impératifs de justice et de dignité. 

 

 

F.Z Ouriaghli

 

 

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