Par: Fatima Zahra Ouriaghli, Directeur de Publication
Cette pandémie va nous poursuivre jusque dans nos chaumières pendant longtemps encore. Depuis un an et demi, nous vivons par procuration, laissant nos gouvernants tout décider pour nous. Au gré de l’évolution de la situation épidémiologique, ils nous dictent notre façon de vivre, régissent nos déplacements, gèrent nos interactions sociales… Bref, ils tripatouillent nos libertés individuelles, lesquelles servent de variable d’ajustement face à la pandémie. Et l’on ne s’en émeut que très peu.
Bien au contraire, il y a une forme d’acceptation et de résignation qui, dans la conscience collective, s’inscrivent dans la normalité. On adhère volontiers à ce qui se joue devant nous et que l’on peut aisément qualifier de maltraitance psychologique.
Au point qu’aujourd’hui nous semblons tous nous être reconvertis en joueurs de loto : programmer une petite sortie pour demain reste un pari aussi risqué que prévoir un voyage dans une semaine. D’un jour à l’autre, tout peut changer. Nos désirs, nos envies ont une date de péremption très limitée à cause des caprices du coronavirus.
Le pire est que nous sommes dans un cercle vicieux duquel nous ne sortirons pas de sitôt. Simplement parce que tout le monde ne dispose pas, de façon équitable, du sésame censé nous sortir de ce cercle infernal. Oui, les pays riches se sont accaparés du vaccin, alors que les pays intermédiaires et pauvres font face à des déficits chroniques de doses compromettant leur campagne de vaccination.
Les pays riches disposent de plus de stocks qu’il n’en faut, et en sont même arrivés à l’obligation vaccinale face à des citoyens qui refusent de se faire piquer. Pendant ce temps, les pays intermédiaires et pauvres courent après les doses pour circonscrire les ravages d’une pandémie qui y tue chaque jour des milliers de personnes.
Cette inégalité d’accès aux vaccins est forcément un terrain propice à la propagation du virus et à la naissance des variants. C’est pourquoi il faut se résoudre, d’ores à déjà, à continuer à vivre par procuration. Et en attendant, pour tous ces pays qui ne sont pas privilégiés, le réconfort réside dans la solidarité.
C’est le sens du geste noble posé par le Souverain, qui a ordonné l’envoi d’une aide médicale d’urgence à la Tunisie, pays meurtri par la pandémie et qui a enregistré une moyenne de 140 décès quotidiens sur les sept derniers jours.