Le Conseil de Bank Al-Maghrib a tenu le 24 juin sa réunion trimestrielle. Pas de surprise, le taux directeur reste planté à 2,25%. Il faut dire que BAM a ses raisons : l’inflation est domptée, les anticipations restent calmes et les nuages géopolitiques, de Gaza à Taïwan en passant par l’Ukraine et le détroit d'Ormuz, justifient bien quelques prudences. Mais la vraie (bonne) nouvelle, c’est la révision à la hausse des projections de croissance.
L’économie marocaine devrait bondir de 4,6% en 2025, au lieu des 3,9% prévus en mars par la Banque centrale. La croissance est portée par un sursaut des secteurs non agricoles, dopés par les investissements massifs dans les infrastructures. La LGV, les chantiers de la CAN 2025 et la perspective du Mondial 2030 sont autant d’éléments qui participent à asseoir une bonne dynamique. L’agriculture, elle aussi, reprend des couleurs.
On table sur une récolte céréalière de 44 millions de quintaux cette année, suffisante pour redonner un peu d’allure à la valeur ajoutée du secteur (+5%). Côté inflation, les prix s’assagissent, avec un «petit» 0,4% en mai. Elle terminerait d’ailleurs l’année 2025 sur une moyenne autour de 1%, avant de s’établir à 1,8% en 2026.
Néanmoins, cette embellie dissimule mal une problématique structurelle plus profonde : la courbe du chômage refuse de s’aplatir. Entre T1-2024 et T1-2025, le taux de chômage a certes reculé, passant de 13,7 à 13,3%, mais c’est à peine un frémissement quand on sait que plus d’1,6 million de Marocains cherchent encore un emploi. Et surtout, chez les jeunes de 15 à 24 ans, le taux de chômage atteint des sommets vertigineux : 37,7%.
Chaque année, des centaines de milliers de jeunes arrivent sur le marché du travail. Et le modèle économique actuel, malgré ses progrès, reste encore trop peu inclusif. Autre bémol : le sous-emploi est en hausse, passant de 10,3 à 11,8% en un an.
Traduction : on bosse, oui, mais souvent en dessous de ses capacités, de ses compétences ou de ses besoins. Face à ce défi, le gouvernement a brandi une nouvelle feuille de route pour l’emploi, articulée autour de l’offre et de la demande. Autrement dit, il ne s’agit plus seulement de former les jeunes à tout-va, mais de s’assurer qu’en face il y a bien des entreprises capables de les absorber.
D’où les 15 milliards de dirhams injectés pour soutenir les PME, encourager l’auto-emploi ou renforcer les passerelles entre formation et insertion. L’ANAPEC, un peu poussiéreuse, devra au passage faire sa mue. Tout cela va dans le bon sens.
Mais les résultats, eux, mettront du temps à se faire sentir. Or, le temps presse. C’est dire que le Maroc a besoin davantage qu’une simple embellie macroéconomique. Il lui faut une croissance robuste, pérenne et inclusive, capable de faire respirer le marché du travail en intégrant sa jeunesse dans le circuit productif.
Par F.Z Ouriaghli