On se surprend à faire les mêmes constats chaque année. On se surprend, chaque 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des femmes, à s’offusquer et à s’indigner. Cela dure depuis des décennies. Sommes-nous donc condamnées à porter éternellement ce combat des femmes pour plus d’équité, d’égalité, de justice sociale, de reconnaissance… ? Apparemment oui.
Cela ressemble fort à un combat sans fin. Simplement parce que l’on a pour adversaire une société rigide, où les codes machistes sont profondément enracinés, faisant obstacle à toute velléité de changement et de progrès social. Car même si l’on est dans une société marocaine qui a beaucoup évolué depuis deux décennies, il y a toujours, reconnaissons-le, certaines personnes qui se prévalent d’une intelligence supérieure, mais qui portent pourtant en bandoulière ces clichés et cette mentalité rétrogrades incompatibles avec le Maroc moderne.
Ce Maroc qui se construit lentement, sous la clairvoyance de notre Souverain. Il y a une chose qui est vraie néanmoins : on ne peut uniformiser les mentalités. C’est un challenge perdu d’avance. Mais cela ne nous exonère pas d’essayer de sortir … des ténèbres tous ces esprits qui ont une lecture biaisée de la société actuelle. Et qui sont réfractaires à tous les actes posés pour construire une société plus égalitaire et moins discriminante, où la femme jouera pleinement son rôle dans le processus de développement socioéconomique du Royaume, sans qu’on ne lui savonne la route. C’est vrai, les lignes ont bougé. Mais pas suffisamment.
C’est pourquoi l’on se retrouve à se battre pour pouvoir jouir de nos droits légitimes. L’on se bat aussi pour accéder à l’éducation. L’on se bat pour ne pas être détournées du système éducatif, à la fleur de l’âge, à cause d’un mariage précoce. L’on se bat pour que justice soit effectivement rendue face à un mari violent. L’on se bat pour la pension alimentaire des enfants face à un père défaillant. L’on se bat pour pouvoir être tutrices de nos enfants. Bref, l’on se bat pour tout : les problèmes liés au mariage, au divorce, à la succession, à la filiation… Ce qui est anachronique dans un pays où le principe d’égalité entre les femmes et les hommes est institué par la Constitution, et qui a ratifié plusieurs conventions internationales dans ce sens.
Par F. Ouriaghli